105ème Cinematamua : Le chant des archipels
Ce documentaire nommé « Tarava » a été tourné entre 1980 et 1983 par Henri Hiro, Angelo Oliver et Harris Aunoa, il fut sélectionné en 1985 pour le Festival International du Film d’Amiens.
Synopsis :
Quand les missionnaires s’implantèrent en Polynésie, ils n’eurent de cesse d’interdire les chants et les danses traditionnelles car elles exprimaient les « perversions et la luxure » de ces peuples païens. Furent ainsi bannis les tambours et les flûtes, instruments de base de la musique polynésienne. Seul le chant choral était permis. Et les Polynésiens s’adaptèrent. Ils introduisirent dans le chant une série de voix de basse masculines destinées à rythmer le chant (en lieu et place du tambour) et un chanteur solo (en lieu et place de la flûte). Le reste de la chorale suivait et pouvait restituer les musiques anciennes. Ainsi sont nés les Himene Tarava. Chaque île ou groupe d’îles a ses propres Himene Tarava. Le film d’Henri Hiro, plus qu’une quelconque compilation, nous propose une véritable incursion dans l’univers musical et spirituel polynésien. « Tarava » est d’une richesse musicologique étonnante, mais il n’est pas que cela. Chaque type d’Himene Tarava se trouve introduit par une ponctuation poétique en Tahitien puis en Français. Long fil qui, de chorale en chorale, nous dit l’importance de la générosité, de l’ouverture sur l’autre dans la tradition des îles. La poésie comme véhicule privilégié de la pensée. Ce qui surprendra le plus (et c’est ce qui fait la force étonnante de ce film) c’est la manière dont sont filmées les montagnes et les vallées, les eaux de la terre et celles de l’océan. Il y a dans les images du chef opérateur tahitien de ce film (Angelo Oliver), une sensibilité, une sensualité, une spiritualité inégalable. L’image, au-delà de l’adéquation exacte entre chaque île montrée et le chant qu’elle a produit, traduit parfaitement la relation de l’homme polynésien à sa terre ancestrale. Ainsi les longs mouvements de caméra qui semblent épouser la montagne, se mêlent aux forêts touffues comme à la recherche des esprits d’autrefois. « Tarava » est le film fondateur du cinéma documentaire tahitien.
Source : extrait du site du Festival International du Film d’Amiens