Atelier d’écriture de scénario avec Sydélia Guirao : un métier bien plus complexe qu’il n’y paraît
Pendant plus de deux heures, c’est un atelier très interactif que propose Sydélia Guirao à un public de curieux, d’amateurs et de professionnels de l’écriture et de l’audiovisuel. Au menu : le mode d’emploi de l’écriture d’un scénario de série ou de fiction, destiné à une diffusion multi-supports (télévision, satellite, numérique…) et multi-canaux (déclinaison via divers moyens de diffusion : télévision, mobiles, smartphones, applications…). Une problématique complexe à l’heure où une double mutation est en train de s’opérer : au niveau des modes de consommation de l’audiovisuel de la part du public, aussi bien que dans les contenus recherchés. Une véritable approche cross-media doit être pensée dès l’élaboration du scénario, c’est-à-dire en proposant une déclinaison large du projet sur plusieurs supports, offrant ainsi plus d’opportunités de renforcer le lien avec les spectateurs.
Dès l’introduction, le ton est donné : « Quand on écrit un scénario, l’important est de ne pas oublier qu’il s’agit ensuite, et surtout, de le vendre ! D’où l’aspect très marketing de la démarche qui doit émaner du contenu du scénario », met en garde Sydélia Guirao. En effet, une des contraintes majeures est de respecter une harmonie entre le style d’écriture et le rendu final lors de la post-production. Tel est donc l’enjeu majeur de l’écriture d’un scénario.
La « Bible littéraire » est ainsi le document de référence qui synthétise le contenu du projet, tout en servant de base à la production, qu’il s’agisse d’une série ou d’une fiction. L’idée de l’écriture d’un scénario vient généralement d’une histoire ou de personnages. À travers plusieurs thématiques sont présentés le titre, la phrase d’accroche du projet, le format proposé, le public visé, le concept résumé en quelques lignes et les personnages principaux. De manière synthétique, il s’agit de présenter le fil rouge du projet, les traits de caractère généraux des personnages et leurs relations, les décors récurrents, ainsi que l’univers propre à l’ambiance du projet. L’ensemble des particularités singulières (effets sonores, langage, univers visuel ou musical) doivent être mises en avant, afin d’apporter un maximum de précisions au producteur et au réalisateur, sans pour autant empiéter sur leurs champs d’action respectifs. Le ton est également un dénominateur commun à l’ensemble des aspects du projet, tant dans la présentation que dans le contenu du scénario. Viennent ensuite les précisions portant sur la structure de l’histoire, trame des évènements principaux qui jalonnent le cours des scènes, des rebondissements, voire des ruptures dans la trame narrative (flash-back). Dans le cas de l’écriture d’un scénario pour une série, l’arche dramatique est la partie la plus fastidieuse à rédiger, afin d’apporter un maximum d’informations nécessaires à la compréhension de la trame de l’histoire, l’évolution des épisodes (intrigue, rapports entre les personnages ou les faits) jusqu’à la chute (cliff under) de l’épisode qui ouvre vers le prochain. Il est important de joindre 3 à 5 pitchs (résumé détaillant un épisode) minimum, accompagné d’au moins un synopsis d’épisode.
Le scénario en soi porte sur le détail de l’histoire, le parcours des personnages, l’articulation entre les scènes et la chronologie, etc. L’introduction dévoile les personnages et leurs traits de caractère ainsi que la situation de départ de l’intrigue. Le développement présente l’objectif principal du protagoniste, suivi des objectifs seconds qui permettent d’atteindre cet objectif initial. Ou comment l’objectif est contrarié par un « mais », qui implique une action en retour, permettant de dresser un bilan en fin d’épisode, ou de film. Généralement, l’enchaînement des actions va crescendo, dévoilant toujours plus d’informations autour des personnages principaux et de l’intrigue en général.
Malgré la complexité du contenu qu’exige la rédaction sérieuse d’un scénario, cette démarche n’est pas non plus réduite qu’à un aspect marketing et financier. L’expérience et le parcours de Sydélia Guirao attestent bien comment les auteurs de scénarii véhiculent des projets créatifs qui s’inscrivent dans le patrimoine du 7ème Art qu’est le cinéma. Avec donc toujours cette volonté de faire rêver et de divertir le spectateur derrière son écran, quel qu’il soit !
Le conseil de Sydélia aux porteurs de projets d’écriture de scénario
Même si la formation occupe une place importante dans le métier de scénariste, c’est réellement grâce à la pratique que l’on acquiert de l’expérience, en côtoyant d’autres professionnels et, si possible, en menant ses propres projets, de l’écriture du scénario à la réalisation. C’est important de se rendre compte des étapes entre l’écriture et la diffusion finale des oeuvres, mais c’est aussi un moyen d’aller au bout du projet, au-delà de l’écriture du scénario. Il existe d’ailleurs plusieurs bourses et subventions pour accompagner les auteurs dans leurs projets. C’est donc une approche impliquée et opiniâtre qu’il faut adopter, sans se laisser surmonter par l’implication affective dans les projets portés, qui passeront souvent d’une main à l’autre entre les différents acteurs de la réalisation. L’entraînement est aussi important : lire est nécessaire, notamment les auteurs de best-sellers ayant été adaptés au cinéma et écrire bien sûr (romans, fictions, contes…). On distingue parfaitement un style commun à ces auteurs, il s’agit donc de capter l’intuition d’écriture et de comprendre leur écriture, tout en assimilant inconsciemment des clés d’écriture.
Avis du public
Vanessa Pheron
J’ai travaillé dans la diffusion audiovisuelle, et j’étais curieuse d’en savoir plus sur le métier de scénariste. C’est vrai que c’est impressionnant de découvrir cette réalité du métier, le détail de la réalisation du scénario et de son contenu, on ne s’attend pas forcément à ce que ça soit aussi exigeant !
Caroline Lecercle
C’est une véritable découverte pour moi qui ne suis pas du milieu de l’audiovisuel, c’est plutôt la curiosité de découvrir ce métier et cet univers qui m’ont amené à participer à l’atelier. Avec peut-être un projet en tête, j’ai pu prendre conscience de la réalité du métier, des étapes à respecter pour produire un contenu cohérent. Je ne m’attendais pas forcément à ce que le marketing occupe une place si importante dans l’élaboration d’un scénario ! Mais je vais passer à la pratique au Marathon d’écriture ! Ce sera l’occasion de me tester en situation réelle et d’être accompagnée par des professionnels !
Lucile Bambridge / FIFO