Balibo, le Timor oriental à l’honneur
Ce sera une grande première à Tahiti que le directeur de Pacific Films, Frédéric Mourgeon, a souhaité proposer au public : la diffusion en exclusivité du film « Balibo » au cinéma le Liberty, vendredi 3 février à 19h30, mercredi 8 et samedi 11 à 10h. Entre fiction et documentaire, ne manquez pas ce film qui traite avec énergie d’une triste réalité océanienne largement méconnue : l’invasion et la colonisation du Timor oriental par l’Indonésie entre 1975 et 1999.
Pourquoi avoir souhaité proposer ce film à l’occasion du FIFO 2012 ?
Je sais que depuis quelques années le FIFO s’ouvre à de nouveaux formats audiovisuels. « Balibo » est un film intéressant et fidèle à l’idée de FIFO de faire entendre les voix de l’Océanie. D’autre part, ce long-métrage traite d’un sujet historique avec une grande rigueur et donne une vision instructive d’une réalité de l’Océanie. Et puis le hasard des dates fait bien les choses, puisque nous célébrons en 2012 les 10 ans de l’indépendance du Timor oriental.
L’invasion du Timor oriental par les Indonésiens et globalement l’histoire de cette île reste en effet mal connue…
Oui, alors que ce fut probablement un des évènements les plus violents qui ait frappé l’Océanie ces quarante dernières années (plus de 200 000 morts…). Pouvoir diffuser « Balibo » est une chance : il existe finalement très peu de long-métrages sur l’Océanie, et celui-ci n’a jamais été projeté à Tahiti. Ni en France, d’ailleurs, car trop éloigné des problématiques de la région.
Pour mieux cerner le film, peux-tu nous expliquer pourquoi les Indonésiens se sont emparés de cette province et quelle a été l’issue de cet épisode douloureux ?
Depuis 1586, le Timor oriental est une enclave portugaise. Suite à la Révolution des Œillets en 1974 au Portugal, le gouvernement a reconnu aux populations d’outre-mer le droit à l’autodétermination et à l’indépendance. En 1975, une loi sur la décolonisation du Timor est votée. Les Portugais et les Timorais s’accordent sur ce point mais non sur ses suites, ce qui provoque une période de chaos : l’Indonésie, jeune nation indépendante, profite de ce désordre pour s’emparer de cette île voisine qui ne partage pourtant pas la même culture, ni la même religion. Elle occupe alors militairement le territoire et l’annexe par la force et ce pendant plus de 20 ans. La résistance timoraise en place ne fait pas le poids contre les occupants et hormis quelques ONG et de rares états, la situation ne fait pas réagir la scène internationale. L’autodétermination du Timor oriental, appuyée notamment par l’ONU, parvient à se concrétiser avec le référendum de 1999. L’indépendance est proclamée en 2002.
Pratique : Soirée Balibo
– Vendredi 3 février, à 19h30, au cinéma Liberty (sur invitation)
– Projection suivie d’un débat en présence du directeur de Pacific Films, Frédéric Mourgeon et d’un spécialiste australien, Stuart Menzies, responsable des programmes sur ABC2.
– Mercredi 8 et samedi 11 à 10h, sur présentation d’un ticket du FIFO, au cinéma le Liberty
Balibo : quand le monde ferme les yeux…
Le réalisateur australien Robert Connolly s’est attaqué à un épisode douloureux de l’histoire récente australienne. En 1975, cinq journalistes de la télévision australienne sont exécutés au Timor oriental, dans le village de Balibo, par les forces spéciales indonésiennes, alors qu’ils couvrent l’invasion… indonésienne. Dans le film, on suit l’enquête d’un journaliste australien parti sur leurs traces pour tenter de comprendre ce qui s’est passé. A travers l’histoire de ces cinq hommes, le réalisateur revient sur l’invasion indonésienne, qui était niée à l’époque, et la complicité silencieuse de l’Australie, qui n’a pas protesté. Un film très bien construit, rempli d’énergie, avec des scènes historiques reconstituées et des images permettant de mettre un visage sur cette province oubliée.