Déferlement d’émotions au Doc edge
C’est l’une des nouveautés de cette 12 ème édition du FIFO. Organisée en ouverture du festival au grand théâtre de la Maison de la culture, ce samedi 31 janvier, la journée Carte blanche au Doc Edge a rencontré un franc succès.
Des larmes, du rire, des ovations… De la première à la dernière minute, l’après midi Doc Edge a soulevé des émotions aussi intenses que variées chez un public venu nombreux assister aux projections. Pour cette première journée Carte blanche, c’est le festival documentaire néo-zélandais Doc edge – dont la 10ème édition aura lieu à Auckland du 20 mai au 1er juin et à Wellington du 3 au 14 juin 2015 – qui a été choisi pour présenter ses films. « C’est une excellente idée, ce type d’échange rapproche les peuples », confie Isabelle 56 ans. Accompagnée de son mari, elle n’a pas manqué une seconde des quatre projections de l’après-midi. « Le premier m’a marqué car il était poignant, le second a montré ce qu’était la rigueur et l’esprit d’équipe malgré les frontières », raconte Isabelle avant d’être interrompue par son compagnon. « C’est important de montrer ces films au FIFO, ils véhiculent de beaux messages ! ».
Le courage, une valeur qui traverse les frontières
La force du premier film a bouleversé la salle du grand théâtre. Erebus, orperation overdue, un docu-fiction qui a remporté le grand prix ainsi que de multiples autres lors de l’édition 2014 du Doc Edge, a remué le public et marqué les esprits. « Il m’a laissé sans voix », avoue Eimo, 30 ans qui ne trouve pas les mots pour décrire le courage de ces policiers néo-zélandais envoyés en Antarctique pour rapatrier les corps de 257 compatriotes, victimes d’un crash d’avion. « Je ne connaissais pas cette histoire, je viens de la découvrir et elle est bouleversante », explique son voisin de siège, Richard, 60 ans.
Après l’émotion suscitée par ce premier film, les rires ont finalement pris place dans la salle du grand théâtre. Ces jeunes Afro-américains issus de quartiers défavorisés de Los Angeles, qui jouent au rugby et partent en Nouvelle-Zélande pour rencontrer un autre peuple et une autre culture, ont détendu l’atmosphère. « Ils ont l’air heureux de découvrir une autre communauté, confie Isabelle, Il y a un bel esprit de camaderie, c’est un super exemple pour nos jeunes ».
L’humain au centre de ces documentaires
Le troisième documentaire, le plus personnel de la sélection, a fait voyager le public au-delà de l’Océanie. Finding Mercy explique la réalité des Zimbabwé à travers le regard de la réalisatrice qui a grandi dans ce pays et y revient pour retrouver son amie d’enfance, Mercy. « A Tahiti, on vit au calme, avoue Myrna venue en famille pour assister à la journée, C’est bien de voir des films qui nous rappellent une autre réalité ailleurs dans le monde et plus dure ! ».
Après un drame, du social et de l’intime, la journée s’est terminée avec de la joie. Hip-H-Opération a provoqué le fou rire du public du début jusqu’à la fin. Tous sont tombés sous le charme de cette bande de papys et de mamys d’une petite île de Nouvelle-Zélande, bien décidée à monter un groupe de Hip Hop et participer au championnat du monde de la discipline à Las Vegas. Un défi improbable et dont la réussite a été applaudie par les spectateurs du grand théâtre. « Ils sont stupéfiants et si beaux ! », s’enthousiasme Stéphane, 53 ans. Encore assise sur son siège alors que la salle se vide, Josette, 76 ans, ne semble toujours pas rentrer du voyage avec cette troupe de danse d’un nouveau genre. « Quand je les vois je me dis que je dois prendre exemple. A 60 ans, je me suis mise au roller avant d’arrêter il y a trois ans à cause de l’arthrose. Maintenant, c’est décidé, je m’y remets ».
DAN SHANAN : L’importance du partage et de l’échange entre festivals
Dan Shanan est le directeur du Festival Doc Edge, et, pour la première fois, il est membre du jury du FIFO. Rencontre avec ce passionné…
C’est la première fois que le FIFO et le Doc edge collaborent, comment s’est passée la rencontre ?
C’était il y a quelques années par le biais d’un des anciens responsable du festival. Depuis, je suivais le Fifo, nous avons eu des réunions mais nous avons vraiment officialisé notre collaboration cette année avec la journée carte blanche. Nous avons une vraie volonté de travailler ensemble et de développer ce que nous avons commencé à construire. Nous nous apportons l’un à l’autre, le Fifo s’est inspiré du pitch dating de notre festival, et le Doc edge envisage de mettre en place des échanges avec les scolaires comme le fait très bien le Fifo.
Quelle est l’importance d’un tel échange ?
Unique festival de documentaires en Nouvelle-Zélande, Doc edge est une plateforme qui célèbre la culture et l’histoire, et qui permet au grand public d’accéder et découvrir des documentaires. C’est aussi l’esprit du Fifo avec qui nous avons une vraie synergie. Autre point important : notre festival est ouvert sur le reste du monde, il est international, le Fifo est, lui, plus centré sur les régions de l’Océanie. Il est donc indispensable de partager nos connaissances et de rassembler nos ressources autour d’une base commune. Cela apporterait au FIFO une meilleure connaissance de ce qui se fait ailleurs dans le monde, et au Doc edge un moyen découvrir des films auxquels il n’avait pas accès avant. D’une partie ou de l’autre du Pacifique, il y a de vrais talents qui émergent, c’est très prometteur, on ne peut pas passer à côté.
Vous avez présenté trois films lors de la journée carte blanche, comment les avez-vous sélectionné ?
Nous avons choisi les films les plus forts mais qui abordent des thèmes différents. Trois ont été projetés au Doc edge, le quatrième va sortir en salle. Le premier, Erebus, opération overdue revient sur une histoire qui a bouleversé la Nouvelle-Zélande. Ce film historique ravive une blessure qui n’est pas encore refermée pour certains, notamment pour les familles des victimes. Il a eu beaucoup de succès. Le second, Fiding Mercy qui est plus personnel, a remporté le prix du meilleur jeune réalisateur. Et le 3ème montre deux mondes différents qui se confrontent. Les histoires de ces documentaires sont poignantes et se passent à des endroits géographiquement différents. C’est une belle ouverture vers le monde.
Suliane Favennec
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