Festival Polynesia – Recréer du lien grâce à l’art
Le festival Polynesia propose de nombreux ateliers chaque jour. Un moyen de partager de manière concrète les cultures de chaque pays du triangle polynésien. Reportage avec les ateliers photo et sculpture.
Te Rawhitiroa Bosh est un photographe néo-zélandais. Le trentenaire voyage à travers le monde, en Polynésie comme en Afrique ou en Amérique. « Mon but est d’ouvrir les portes aux personnes pour connaître un monde, une culture, un peuple qu’ils ne connaissent pas » explique t-il devant son assemblée. Te Rawhitiroa tient un atelier photo dans la salle d’exposition Muriavai de la Maison de la Culture. Devant lui, des jeunes élèves du CJA de Faa’a, Outuaramea. « En classe, on a étudié le triangle polynésien et vu des vidéos sur, par exemple, les Hawaiiens », confie Tetuanui. Ils sont plusieurs parmi ces jeunes à avoir amené un appareil photo, pour immortaliser le moment mais aussi participer aux exercices de l’atelier.
Une curiosité qui dépasse les frontières
Pour commencer, le photographe maori présente des images de son pays. Les élèves découvrent les vêtements traditionnels maori, les tatouages, les moko… « Monsieur est ce que les femmes sont obligées d’avoir un tatouage sur le menton ? », interroge une des élèves, assise à côté de ses camarades sur l’une des chaises entourant l’intervenant. « A l’époque des anciens, oui, mais seules les filles du chef étaient obligées, c’était un honneur. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas », répond le photographe qui en profite pour revenir sur les différents sens de certains symboles dans le tatouage maori. Te Rawhitiroa est passionné de sa culture, il maîtrise bien sa langue natale. Il a d’ailleurs ouvert cet atelier en parlant le reo maori. Au grand étonnement des élèves car d’apparence le photographe ressemble à un pakea (blanc). C’est son papa, un maori, qui lui a appris la langue. Sa maman est elle une pakea. « Bon maintenant, on va parler technique. Je vais vous expliquer les différents plans et angles ». Plans large, moyen, serré, ou encore la composition … Tout y passe. « Vas-y essaye ! » lance le néo-zélandais à un des élèves qui prend une photo de lui avec son appareil. « Ah ok, j’ai compris ». Joseph, 14 ans, est ravi de cet atelier. Tout comme le reste de ses camarades, mais aussi le photographe. « C’est important de partager, je suis là pour reconnecter avec nos cousins et transmettre notre culture. Et cela passe par les jeunes ».
Les jeunes, l’avenir de la culture
Un peu plus loin, près du village des artisans, c’est un sculpteur pascuan qui partage sa passion avec les jeunes du collège de Paea. Les scolaires sont nombreux à participer à ce festival. « Je découvre pleins de choses ici, lance le jeune Terii, 13 ans, le Monsieur il nous a expliqué que pour les yeux du Moai, il utilisait des pierres, des pierres qui coupent ». Sa camarade Loana a elle aussi découvert les Moai. « J’aimerais bien les voir en vrai ! ». Le sculpteur Nano Ika, une figure de la culture pascuane, a expliqué son travail. Il sculpte un Moai, le Tukuturi, représentant un personnage central de la culture rapa nui. Plongé dans la sculpture depuis sa plus tendre enfance, Nano Ika utilise différents types de bois pour ses œuvres : miro pupu, cyprès, eucalyptus, etc. Il utilise aussi des instruments, parfois traditionnels comme le Kautoki. « Je veux montrer notre richesse aux enfants, ils sont notre avenir ! » explique l’artiste qui dans son île fait le tour des établissements et reçoit dans son atelier des jeunes pour transmettre son savoir. Un savoir qu’il partage aussi avec ses cousins polynésiens. Durant le festival, le sculpteur a eu l’occasion d’échanger avec les Maori, les Tahitiens, les Hawaiiens… « J’ai appris beaucoup de choses. Nous faisons une sculpture différente. Chez nous, elle est très importante et variée. Ici, on voit beaucoup de tiki ».
Se représenter par la sculpture
Le tiki… On le retrouve dans la salle Mahana où le sculpteur hawaiien Kanani Kaulakukui, partage avec enthousiasme son savoir aux plus jeunes. Ici encore, les scolaires font honneur au festival. Une classe du lycée Aorai de Pirae et du collège de Paea sont présentes. Les élèves s’amusent à sculpter un tiki sur… une carotte. Un exercice original et ludique qui plait aux jeunes. « Je pense que je vais m’entraîner aussi chez moi ! C’est la première fois que je sculpte, et sur une carotte. J’adore ! », confie la jeune Timiri 16 ans. Grâce à cet atelier l’adolescente a découvert que les Hawaiiens étaient aussi ses cousins. « Bon, maintenant, vous allez vous attaquer aux yeux ! » explique l’artiste hawaiien, qui fait le tour de chaque table pour surveiller et conseiller son jeune auditoire. Kanani Kaulakukui a l’habitude de travailler avec les jeunes, il enseigne dans les collèges d’Hawaii où il vit. « Je veux faire comprendre aux élèves que le tiki, c’est eux. Lorsqu’ils sculptent, ils donnent leur énergie au tiki, leur mana. ». Les élèves ont compris le message, et certains, comme Mihirani, sont fiers d’avoir réalisé un tiki, leur tiki. « Je savais un peu sculpter, mais sur une carotte c’est une première. Je vais le garder ! On sent qu’il y a des choses communes avec notre sculpture ».
Rendez-vous tous les jours pour découvrir les différents ateliers, master class et conférences du festival Polynesia.
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