FIFO 2014 – « First Footprint » : Des révélations inédites au cœur de l’humanité
La vraie Histoire de l’Australie
«The First Footprints» c’est une nouvelle histoire qui commence pour l’Australie. Celle d’un patrimoine unique, capital pour la compréhension du peuple aborigène. Aux confins de l’humanité, les réalisateurs Martin Butler et Bentley Dean retracent la migration des premiers hommes partis d’Afrique il y a environ 800 000 ans, pour arriver, il y a 50 000 ans, sur un continent hostile de 7 692 024 km2. Cette série de quatre documentaires est riche en découvertes inédites. De «L’Homme de Mungo», âgé de 42 000 ans, au premier visage humain représenté sur l’extraordinaire site de Murujuga, témoin d’un art complexe datant de 30 000 ans, cette Terre Mère possède encore des millions de trésors patrimoniaux cachés. On suit la piste chantée ou rêvée sous les étoiles, selon les interprétations, à la découverte de sites archéologiques exceptionnels tel Gabarnumg avec ses galeries ouvertes creusées dans la roche voilà des milliers d’années. Preuve de la puissance de bâtisseurs de ces premiers habitants, de leur incroyable faculté à perpétrer les savoirs faire ancestraux. En effet, ce lieu nous est présenté par la descendante de la tribu aborigène qui occupe ces galeries depuis des générations. Une nouvelle page s’écrit : celle de l’incroyable histoire du peuple aborigène. Un peuple qui a su rester connecté avec ses ancêtres.
Zoom sur Martin Butler :
D’origine anglaise, Martin Butler a étudié la politique et l’économie à l’Université d’Oxford avant de s’installer en Australie en 1981, où il devient producteur d’actualités télévisées. Passionné d’histoire et archiviste dans l’âme, ce francophone passe sa vie sur les pistes du devoir de mémoire, à la rencontre de nouvelles histoires à explorer. Pendant 6 ans, il oeuvre sur le programme de la chaîne ABC TV «Four Corners». Il réalise et produit le film «Antartica». Produit deux vainqueurs du «Walkley», (prix du meilleur documentaire de cinéma et télévision de New York), deux lauréats de la paix des médias de l’ONU , et deux prix George Munster pour le journalisme indépendant. En 2009 il est Lauréat du prix du documentaire au Festival de Sydney avec le film «Contact», qui remporte également le Grand Prix du FIFO 2011.
Rencontre avec un monstre de la réalisation Martin Butler :
FIFO : «Combien de temps avez-vous mis pour réaliser ce film en 4 épisodes ?»
Martin Butler : «Un an de recherches, trois ans de travail, six mois de tournage et dix huit mois de montage. On savait que c’était un travail ambitieux, c’était un projet important pour toute l’Australie. Il y a eu un gros travail de recherche pour vérifier les dires.»
FIFO : «L’homme de Mungo a une place privilégiée dans le film. Pourquoi sa découverte est elle si importante?»
Martin Butler : «Les travaux des Australiens, publiés dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, accréditent plutôt l’hypothèse d’un développement de l’homo sapiens dans plusieurs régions du monde à partir d’un ancêtre plus ancien, l’homo erectus, qui serait originaire d’Afrique et qui aurait émigré il y a environ 1,5 million d’années. C’est ce que prouve Mingo depuis sa découverte, même si sa datation a fluctué. Et puis il a été découvert avec de l’ocre rouge qui le recouvrait et l’on sait que la carrière où se trouve l’ocre est à 200 km. C’était donc quelqu’un d’important. De plus il a été enterré dans une position sacrée avec les bras croisés. C’est pour cela que nous supposons que c’est la première preuve d’une vie religieuse dans le monde.»
FIFO : «Le mythe aborigène de Yingara, mère de la création, qui est le point de départ du film, est elle commune à toutes les tribus aborigènes?»
Martin Butler : «Il y a plus de 200 tribus aborigènes, elles ont toutes une langue différentes et leurs croyances le sont aussi. Ce n’était donc pas possible de trouver un mythe commun pour expliquer l’histoire aborigène. Nous avons cherché un mythe qui avait une connexion avec les explications scientifiques. Nous savons que les premiers hommes en Australie venaient du nord à travers la mer. On a cherché une histoire qui raconte cela. L’histoire de Yingara coïncide. Nous voulions vraiment partir d’une base aborigène, pour expliquer les découvertes scientifiques. La réelle difficulté de ce film, a été de gagner la confiance des aborigènes. Ce sont eux, qui nous ont introduits sur leur site et à leur art.»
FIFO : «Le patrimoine des aborigènes d’Australie, on le comprend dans le film, est encore à découvrir?»
Martin Butler : «Oui et c’est très important car c’est l’histoire d’une nation réconciliée. On estime à 10 millions le nombre de pièces archéologiques à découvrir encore. C’est fantastique pour l’archéologie, car les aborigènes vivent avec leur culture, ils ont les mêmes croyances que les ancêtres. Un savoir qui n’existe pas ailleurs.»
FIFO : «Comment cela se fait il que cette histoire préhistorique de l’Australie soit aussi méconnue même en Australie?»
Martin Butler : «Je ne sais pas, ce que je sais c’est que c’est la première fois que cette histoire est racontée et diffusée à la Télévision. Les archéologues et les scientifiques connaissent ces faits historiques, mais jamais il n’avaient été montrés au grand public.»
FIFO : «Quel a été l’accueil de ce film en Australie?»
Martin Butler : « Beaucoup de gens m’ont dit que c’était fantastique de découvrir cette histoire, qu’ils se sentaient australien différemment. Et surtout les aborigènes sont très fiers d’avoir montré leur savoir faire. Le retour a été très bon, c’est vraiment encourageant car c’est une nouvelle histoire de l’Australie qui est en marche.»