FIFO 2014 – La vague du webdoc déferle au FIFO
Le webdoc n’est pas un phénomène mais la réalité d’une révolution dans le monde de l’information. Comme la nouvelle génération des télévisions 3D, sensations garanties, le web 2.0 ouvre son interactivité aux documentaires aux formats réinventés. Une multitude de possibilités s’ouvrent aux réalisateurs, mais c’est aussi une véritable révolution pour l’utilisateur, qui passe de simple spectateur à acteur d’une nouvelle expérience. Devenu un média incontournable, très répandu au Canada et aux États-Unis avec des perspectives économiques intéressantes, c’est tout naturellement que le webdoc trouve sa place à cette 11ème édition du FIFO.
Pour familiariser le public avec cette forme artistique, le FIFO a proposé tout au long du festival un atelier d’initiation. Donner les outils et le recul nécessaire à l’écriture d’un webdoc, bien comprendre les problématiques liées à l’Internet et à ce genre désormais courant du web documentaire, c’était la mission de Benjamin Vautier. Débutants comme experts d’internet, réalisateurs de documentaires ou simples curieux une dizaine de personne y ont trouvé des réponses.
Conçu pour être diffusé sur le net, le documentaire est enrichi par des interactions de vidéos, des textes, des photos, qu’on étiquette et qui complètent le travail du réalisateur. Un principe qui donne accès à un contenu auquel le spectateur n’avait pas accès auparavant. Aujourd’hui l’utilisateur du webdoc peut quand il le veut approfondir le sujet, chercher des informations sur tel protagoniste du film, visiter la région où encore poser ses questions. A l’image du 1er webdoc: «Pine Point» où plus récemment avec la célèbre «Prison Valley», cette nouvelle expérience donne un sentiment de liberté.
Rencontre avec un passionné du webdoc:
Assistant réalisateur puis réalisateur de web documentaires et de films institutionnels, Benjamin Vautier est aussi un passionné de l’Internet et du MultimédiaÂÂ : concepteur d’interfaces utilisateur – applications, sites web, etc. – («Ux designer» dans le jargon!), chef de projet digital, il a développé une approche pragmatique de ce genre nouveau, basé sur l’analyse et l’interaction avec le public.
FIFO : Lors de ton atelier tu proposais une méthodologie avec 2 constructions parallèles lors de la réalisation d’un documentaire. D’un côté l’histoire elle-même et de l’autre le contenu, qui va ÂÂ permettre d’interagir avec l’utilisateur. C’est donc 2 fois plus de travail pour le réalisateur d’un webdoc?
Benjamin Vautier : «Â Oui c’est un gros travail de conception à la base, au niveau du scénario et de la navigation par rapport au choix narratif. Ca demande quelques personnes en plus dans l’équipe pour la partie web, mais au final il y a aussi moins de montage, un peu moins de post production. C’est une organisation quasi similaire sur le tournage. Ce qui change vraiment et qui est très important c’est d’intégrer une dimension en plus dans l’écriture. Après il faut des experts de la conception et de la navigation, un Ux designer»
FIFO : Quelle avenir prédis-tu pour le webdoc?
Benjamin Vautier : «Je pense que vu les multiples formes que peut prendre un webdoc, il va encore continuer à se métamorphoser. A mon avis dans une dizaine d’année le webdoc que l’on connait aujourd’hui ne sera plus le même. L’informatique va tellement vite que des possibilités infinies s’ouvrent à nous. J’ai l’impression qu’on va passer à quelque chose de très social, très collaboratif, avec une envie de changer le monde. On va aller vers des web documentaires qui vont être de plus en plus ludiques, et non plus seulement à but lucratif. Dans ce sens ils vont jouer un rôle plus important dans les campagnes de communication par exemple. Dans un avenir proche Greenpeace peut très bien faire son webdoc, aussi bien que la communauté scientifique, ça peut être très utile de matérialiser des données. C’est même plus lisible qu’un article dans un magazine spécialisé. Tout le monde peut y avoir accès, et c’est de plus un format populaire car c’est une navigation morcelée et pratique.