FIFO 2016 – Le Bilan par Walles Kotra
« Nous devons nous interroger sur l’avenir »
Co-créateur du FIFO et président de l’association du FIFO, Wallès Kotra porte un regard positif sur cette édition 2016. Un 13ème FIFO qui a véhiculé des messages universels et pleins d’humanité.
Quel bilan pouvez-vous faire de ce FIFO 2016 ?
Nous sommes très contents. Le public a répondu présent, pratiquement toutes les salles étaient pleines. Le FIFO est finalement un festival populaire, on voit des grands-mères, des jeunes etc. C’est très important de garder cet esprit. Ce FIFO a aussi permis de faire émerger des choses. Nous avons l’urgence de réfléchir sur le monde numérique. Aujourd’hui, le FIFO marche très bien mais il faut s’interroger sur l’avenir. Ce qui nous arrive avec le numérique, c’est une explosion des usages. C’est quelque chose que nous ne maîtrisons pas totalement. Nous devons donc réfléchir pour que l’essentiel, le combat du FIFO, qui est de dire « partageons nos histoires et défendons ce qu’il se passe autour de nous », cela puisse être décliné dans l’univers numérique. Mais comment fait-on pour que ce réseau véhicule ce que nous sommes ?
Avez-vous déjà des pistes de travail ?
Nous avons prévu de faire un séminaire de réflexion. Nous devons entendre les spécialistes, nous devons aborder ce point avec gravité mais aussi modestie. Même si la priorité du FIFO est de raconter nos histoires nous-mêmes, nous devons le décliner, nous devons nous adapter aux outils d’aujourd’hui. Le numérique est quelque chose que nous ne maîtrisons pas pour l’instant. Des nouveaux acteurs et une nouvelle culture sont apparus, nous devons être capables d’adapter ce que nous sommes, notre contenu dans tout ça. Mais je suis optimiste car finalement cela se passe comme ça depuis des millénaires dans nos îles : nous avons géré les transformations, l’arrivée de la télévision, des gros navires etc. A chaque fois, nous sommes retombés sur nos pieds.
Cette année, beaucoup de films en compétition parlaient de l’humain …
Oui. En fait, ce sont des histoires d’hommes. Nous avons eu des équipes de foot des Samoa ou des personnages âgés qui se mettent au hip-hop… Ce qui est intéressant dans nos histoires, c’est la part d’universel. On peut diffuser ces films en Europe ou en Asie, le message est le même.
Le président du jury de ce FIFO est un grand cinéaste africain. Qu’a t-il apporté au FIFO ?
Abderrahmane Sissako a une double originalité. D’abord, oui, c’est un grand cinéaste, un cinéaste international. Ensuite, avec lui, il y a ce regard de l’Afrique qui vient. Il vient et nous dit : « ce que vous faites là, c’est très important. Faites attention car l’Europe et l’Afrique ont perdu ça ». Abderrahmane Sissako a apporté beaucoup au festival, il a échangé avec le public après la projection, dans la rue, un peu partout. Pour lui, nous chantons notre culture, et un peuple qui chante est un peuple qui peut aborder la suite. Je crois qu’il a vu beaucoup d’humanité dans notre peuple.