FIFO 2019 : Born this way, Awa’s story
Le combat d’Awa
Changer la vision des gens sur les personnes transgenres : c’est l’ambition d’Awa, jeune Néo-Zélandaise née garçon. Dans le film Born this way, elle raconte son histoire, comment elle a « choisi de rester fidèle à elle-même » en changeant de sexe, et l’acceptation de ses proches. Le film est en compétition officielle au Fifo.
C’est une jeune femme superbe, aux longs cheveux noirs et au sourire communicatif qui se livre dans Born this way, documentaire néo-zélandais en compétition officielle au Fifo. Né garçon, Te Awarangi, se sent fille depuis toujours. À l’adolescence, Awa opère sa transition et apprend à s’assumer en fille. Pour cela, la réalisatrice en herbe se sert notamment de la plateforme YouTube : « Quand, à l’âge de 14 ans, j’ai décidé de porter l’uniforme des filles à l’école, plutôt que d’avoir à expliquer ma démarche à chaque personne, d’avoir à me justifier d’être moi-même, j’ai fait une vidéo que j’ai mise en ligne, c’était plus simple pour moi », explique Awa. Elle a continué à tenir son journal de bord vidéo, et l’on en retrouve des extraits dans le documentaire, permettant au spectateur de suivre l’évolution de la jeune femme pas à pas.
Loin de tout sensationnalisme, le film s’attache aussi à dépeindre l’entourage d’Awa, le soutien extraordinaire de sa famille et de sa communauté. Un soutien qui n’a pas forcément été immédiat, comme le raconte sa mère : « Ses trois grands frères ont voulu la préserver, ils avaient peur qu’elles se fassent harceler à l’école, alors ils ont d’abord cherché à ce qu’elle soit plus masculine, mais ils ont compris et ils sont ravis d’avoir une sœur ! » Pour la mère d’Awa, ce soutien est essentiel, il faut que la famille soit un sanctuaire ; « on ne peut pas contrôler ce qui se passe en-dehors, les réflexions des gens, leurs réactions, alors il faut qu’elle se sente parfaitement en sécurité au sein de la famille. » Le film offre ainsi une très belle séquence, où l’on voit la famille élargie d’Awa réunie dans le marae communautaire ; tous lui témoignent leur amour et reviennent sur la manière dont ils ont vécu sa transition.
Un combat pour l’acceptation
Grâce à ce film, certains parents ont mieux compris leur enfant, racontent Awa et sa mère. C’est d’ailleurs le but, comme le souligne la jeune femme : « Je veux inspirer les gens, les pousser à être eux-mêmes, et je veux changer la vision des gens sur les personnes transgenres. » Comme on le voit dans le documentaire, elle livre un autre combat pour pouvoir être opérée en Nouvelle-Zélande – actuellement, aucun chirurgien n’est habilité à pratiquer des opérations de réattribution sexuelle, alors les personnes transgenres doivent se rendre à l’étranger et débourser 15 à 20 000 dollars. Depuis le tournage, la situation a encore empiré, la liste d’attente s’est allongée et il n’y a toujours aucun spécialiste sur place.
Ce film montre aussi le cheminement d’une jeune passionnée par le monde de l’audiovisuel. « Awa ne se définit pas par sa sexualité », souligne sa mère, « le documentaire montre une personne normale, une réalisatrice en devenir ». Awa suit actuellement des cours de comédie dans une école prestigieuse de Wellington. C’est une expérience essentielle selon elle pour donner du corps à ses films futurs. Son prochain projet est de raconter l’histoire d’une jeune fille transgenre issue d’un petit village et qui s’installe dans une grande ville, où elle lutte pour se faire accepter comme elle est. Le combat continue.