[FIFO 2020] Fenêtres-sur-court : regards croisés sur l’Océanie
Fenêtres-sur-court : regards croisés sur l’Océanie
Les OFF du FIFO se sont ouverts samedi 1er février avec une après-midi de projections intitulée Fenêtres sur-court. Neuf documentaires de 4 à 20 mn ont été projetés dans la salle comble du Grand Théâtre à la Maison de la Culture. Une belle entrée pour ce 17e FIFO….
Deux heures de promenade au cœur de l’Océanie. Cette première projection du Festival International du Film Océanien a ouvert la première fenêtre sur les pays de la région de cette 17e édition. « Ca m’a beaucoup plu de pouvoir voyager à travers tous ces pays. Pour moi, c’est une véritable découverte ». Alice, 30 ans, est arrivée en Polynésie française il y a seulement quatre mois. Alors, cet après-midi Fenêtres-sur-court est une belle occasion pour elle de voyager et d’apercevoir les cultures, les histoires, les traditions des 16 États indépendants et 15 territoires qui composent cette vaste région du monde. Comme Alice, les festivaliers étaient nombreux, samedi, pour cette projection. Pas une place de libre dans la salle du Grand Théâtre de la Maison de la Culture. Tous ont voyagé en Nouvelle-Zélande, en Papouasie Occidentale et Nouvelle-Guinée, en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française, aux Samoa ou encore en Australie aux travers de neuf documentaires.
Du partage et de la transmission
Arioi a ouvert la voie à ce bel après-midi de projection. Racontant l’histoire de ces artistes et comédiens qui avaient une place bien particulière dans la société polynésienne d’antan, il a fait l’unanimité auprès du public. « Il m’a beaucoup touché car je suis Polynésienne, et j’ai enfin appris ce qu’étaient vraiment les Arioi. On aime venir au Fifo car on ne parle pas souvent de ces histoires qui pour nous sont inconnues, même à l’école on ne nous en parle pas », confie Poerani, 21 ans, accompagnée de son compagnon Touatini. Mais pour ce jeune couple, le film qui les a bouleversés reste WANTOKS : Dance of Resilience in Melanesia. Durant 20 mn, le réalisateur nous emmène dans ces pays de la Mélanésie où les peuples se battent pour leur indépendance à travers les arts. Il nous plonge dans la situation conflictuelle de la Papouasie Occidentale, nous éclaire sur les enjeux du référendum en Nouvelle-Calédonie avant de nous embarquer vers ces îles menacées par le réchauffement climatique. « On est au 21e siècle, aucun peuple ne devrait être encore dominé par un État. On devrait tous être libre », souligne Tarita, venue avec son fils Hiapo, 9 ans. Cette mère de famille est une habituée du FIFO, elle vient désormais avec son fils car « il est important de partager avec les nouvelles générations. Il est important de s’ouvrir au reste de la région et aux différentes problématiques ».
Des histoires singulières et bouleversantes
L’autre histoire marquante de ce samedi est celle de ces réfugiés en mer qui arrivent d’Iran, d’Afghanistan ou encore du Soudan par centaines pour demander l’asile en Australie. Le gouvernement australien refuse de les accueillir et les envoie, depuis six ans, sur île nommée Manus. La situation y est dramatique et inhumaine, elle est aujourd’hui dénoncée et montrée au grand public. « Je ne connaissais pas cette histoire alors que beaucoup d’hommes sont bloqués là-bas. Elle m’a vraiment touché et fait mal au cœur », confie Gaëlle, originaire de Nouvelle-Calédonie. Impossible dans la salle de rester impassible au court documentaire Manus. Les femmes, fortes, indépendantes et généreuses, ont été à l’honneur aussi pour ce OFF. La série « Daughters of the Migration » a mis un coup de projecteur sur deux femmes exceptionnelles originaires des Samoa qui ont migré vers la Nouvelle-Zélande. La première est une juge, elle s’occupe des jeunes femmes en détresse qu’il faut aider à remettre sur la bonne voie. « Son parcours m’a ému car elle aide les jeunes et tente de régler les affaires traditionnelles ». Daniel est venu en famille avec femme et enfants pour partager ce moment et apprendre les histoires et cultures de leurs cousins de l’Océanie. Entrecoupés par des chroniques de vie au cœur de la communauté gay en Nouvelle-Zélande ou encore de la tradition de la pêche en Australie et de ces artistes Maori à la rencontre de l’Antarctique, un autre portrait cette fois d’une jeune Papoue, malade du VIH et de la tuberculose. L’histoire de Maria est bouleversante : elle vit dans la pauvreté avec son enfant, tous deux rejetés par une partie de la famille, mais grâce à son courage elle tente d’avoir une vie normale. A la fin de court-documentaire de 12 minutes, le public a la larme à l’œil. Le film reçoit un tonnerre d’applaudissements. Pas évident donc, à la sortie de cette projection Fenêtres-sur-court de voter pour son film préféré… « Tout était bien », simplifie Daniel.