Footprints
Film hors compétition réalisé par Cornel Ozies, produit par Eileen Torres et Eloise Schnierer (13 minutes, Australie, 2015)
Un court métrage saisissant, tant par la qualité de la réalisation (prises de vue, travail de la photographie, choix des plans) que par la pertinence de la narration, ainsi que pour le choix du sujet. En terre aborigène, où une tribu cherche à retrouver ses pratiques traditionnelles oubliées depuis près de cinquante ans, l’identité Djugun se réaffirme grâce à l’implication des jeunes générations. Désireux de découvrir, de réapprendre des chants et danses ancestraux, ils s’adressent donc aux anciens pour marcher sur les traces de leur mémoire et de leur culture.
Selon les croyances ancestrales, l’Homme sortit de l’océan pour peupler le continent, en marquant le sable de ses empreintes de pas. Le chant qui accompagne cette quête migratoire porte l’identité d’un peuple pétri de spiritualité, qui se perpétue de génération en génération. En dénonçant ouvertement mais subtilement le rôle des européens dans la quasi extinction de cette population Djugun, les plus anciens se réjouissent de pouvoir transmettre leur savoir à une poignée de jeunes. Car la sauvegarde du chant et des danses traditionnelles permet d’honorer les coutumes presque oubliées.
« J’ai été malade de voir comment le monde a évolué ces dernières décennies, mais ensuite, j’ai vu que certains jeunes voulaient apprendre auprès de moi. À cinq d’entre eux, j’apprends à confectionner des ilmas (bâton cérémoniel), des boomerangs, à apposer les motifs corporels lors des cérémonies, les chants et les danses de nos ancêtres », témoigne un ancien. Comme seul ornement, la nacre vient parer les danseurs, symbole de l’eau, origine de l’Homme, ainsi que l’ocre blanche, symbole de communion du corps avec la terre nourricière, le Bush. Une fois revenus à leurs origines, ils seront alors capables de rêver à nouveau, de sentir la connexion avec leur ilma, ce totem chargé d’énergie au travers duquel se manifeste l’esprit de leurs ancêtres.
Avis du public – Souleiman Rouibi
Un très beau court métrage, j’ai beaucoup aimé ! Le message est percutant, je dirais même primordial à faire entendre ! La manière de présenter la situation de cette tribu aborigène décrypte vraiment le phénomène de réappropriation de la culture ancestrale par la jeune génération. Phénomène que l’on constate d’ailleurs dans plusieurs films cette année au FIFO, ce retour aux valeurs traditionnelles. J’ai d’ailleurs obtenu quelques précisions sur des spécificités communes à plusieurs tribus, dont celle présentée dans le film Putuparri and the raimakers. C’est intéressant de voir que des documentaires indépendants se croisent et se complètent !