« Il était une forêt», d’un constat alarmant à la magie de la nature.
Luc Jacquet, Président du jury de cette 11ème édition du FIFO, est venu présenter en avant première son nouveau film documentaire : «Il était une forêt». Une soirée exceptionnelle en présence du réalisateur, qui s’est prêté à la fin de la projection aux questions du public à la fois émerveillé et alarmé.
On le sait, en ce début du 21ème siècle, le défi pour la sauvegarde de l’humanité est de taille. En détruisant son environnement l’homme marche irréductiblement vers sa propre extinction. Le déclin des forêts primaires n’en est pas un symbole, mais la réalité. Dans 10 ans les forêts primaires auront toutes été détruites si l’homme continue son massacre. Et pourtant «Il était une forêt», nous donne cette envie optimiste d’y trouver refuge, base de l’humanité où le génie végétal opère. Il était une fois une forêt primaire qui mettra 7 siècles à renaître de ses cendres. Car la forêt a ce pouvoir, grâce à la lumière, l’eau et l’osmose entre les êtres vivants qui la peuplent.
Et la magie opère; à chaque plan, à chaque arbre son esthétisme. Le choix de Luc Jacquet d’entrecouper son film d’image de synthèse est l’aboutissement de sa collaboration de plus de 3 ans avec le célèbre botaniste Francis Hallé. Il tient d’ailleurs dans ce film la place du narrateur, véritable héros des forêts tropicales.
De la croissance des arbres pionniers à leur mort, à l’apparition de nouvelles espèces de plantes où l’on parle alors de forêt primaire, jusqu’à l’apparition de la forêt secondaire et de ses arbres colossaux, filmer l’infiniment petit et l’infiniment grand, un challenge de taille qui n’a pas fait peur au réalisateur, de la triomphale «Marche de l’Empereur» sortie en 2005. Comme un gradient du rien vers l’infinie biodiversité, sous nos yeux se dévoile peu à peu toute la complexité de la forêt ; avec quelle poésie et délicatesse un arbre nait ; sa capacité à séduire un animal qui aura mangé son fruit et jeté son noyau à bonne distance ; sa manière subtile de se défendre grâce à des signaux odorants tout comme il peut aussi appeler la pluie. Les rencontres au cœur de cette forêt sont toutes aussi surprenantes que touchantes.
Ces arbres millénaires sont une belle leçon, symbole du temps qui passe où tout l’art d’être un arbre c’est de rester debout, comme le dit si bien Françis Hallé dans ce film patrimonial du haut d’un magnifique Moabi (arbre pouvant devenir millénaire). Espérons que les hommes en fassent autant et pour longtemps encore…
Réactions du public :
«Je suis très émue, c’est un film qui fait passer beaucoup d’émotions à travers un sujet peu connu et sous cette forme là. J’ai beaucoup aimé les images, le graphisme, la musique, tout y était pour transporter le spectateur dans cette forêt incroyable. Le film est techniquement incroyable. J’ai beaucoup aimé aussi l’intervention de Luc Jacquet, c’était très percutant. Le fait de cette conscience collective de protection de l’environnement, de tous ces gestes que l’on doit faire mais dès que l’on touche à l’intérêt de la personne on a du mal à passer le cap de cette lutte. Il faut qu’on change de logiciel, comme il le dit»
«C’est une grande leçon de vie et c’est une approche plutôt optimiste où l’on ne prend pas en compte la culpabilité, c’est vraiment pour créer de l’émotion et surtout on apprend énormément de choses. C’est un héritage que l’on doit donner à nos enfants.»
«Quelle force de la nature ce film et la fin m’a beaucoup impressionné quand on voit ce monsieur d’un certain âge à une centaine de mètre en haut d’un arbre, c’est incroyable. On a vu des choses qu’on n’imaginait pas, sur le vocabulaire et sur le système de défense des passiflores, par exemple, j’ai trouvé ça extraordinaire.»