Jacques Navarro met en lumière « l’affaire Pouvana’a »
Le documentaire intitulé Pouvana’a, ni haine ni rancune signé par le réalisateur Jacques Navarro-Rovira suit le travail de recherches de l’historien Jean-Marc Regnault à propos de l’homme politique Pouvana’a a O’opa. Pour le duo, le doute n’est plus permis, Pouvana’a a été victime de la raison d’État.
Jacques Navarro-Rovira a pu interviewer les hommes politiques polynésiens comme Gaston Flosse, Oscar Temaru, Philippe Schyle mais aussi des hommes politiques français comme l’ex-président de la République François Hollande. « Et cela n’a posé aucun souci, je n’ai rencontré aucun obstacle pour traiter le sujet », assure-t-il.
Accusé d’avoir voulu faire brûler Papeete
Le sujet c’est le parcours d’un homme politique polynésien, Pouvana’a a O’opa. Un autonomiste, député lors du référendum de 1958, qui a fait campagne pour le « non » à l’établissement de la Ve République et de la communauté française. Surnommé Te Metua (le père), il a été accusé d’avoir voulu faire brûler Papeete. Il a été arrêté le 11 octobre 1958, jugé puis condamné, il a été forcé à l’exil. Le père de la nation n’a pu retrouver son fenua que le 30 novembre 1968, huit années après son départ.
Pour revenir sur toute l’affaire, le réalisateur suit à la trace l’historien Jean-Marc Regnault. Un familier de Pouvana’a a O’opa tant il passé en revue les archives le concernant. Jean-Marc Regnault a signé plusieurs ouvrages dont le dernier en 2016 Pouvana’a et de Gaulle, la candeur et la grandeur paru chez ‘Api Édition.
Ce qui ressort des cinquante-cinq minutes de documentaire c’est l’innocence du Metua. « On a les preuves écrites noir sur blanc, un grand nombre d’archives a été déclassifié ces dernières années, il n’y a plus de doute. » À l’époque déjà des doutes avaient été émis. Jean-Baptiste Ceran-Jérusalémi qui n’était pourtant pas un fervent défenseur de Pouvana’a a O’opa, avait écrit à Léopold Sédar Senghor que « si les Tahitiens avaient été déterminés à incendier Papette rien ni personne n’aurait pu les arrêter ». La tentative d’incendie dont été accusé Pouvana’a a O’opa ne tenait donc pas à ses yeux.
Faire parler de l’affaire
« En fait, c’est un sujet que l’on m’a commandé et que j’ai accepté car j’y suis sensible. J’ai mis deux ans pour le faire de la commande à la fin du montage. » Lui qui se dit « être un pur popa’a » affirme aussi « porter l’injustice faite à Pouvana’a ». Il dit faire des films sur les devoirs de mémoire pour « passer des messages aux générations futures ».
Ce n’est pas la première fois que le réalisateur présente un film au FIFO. Il a d’ailleurs reçu quatre prix depuis qu’il s’y présente (en 2008, 2009, 2014 et 2017) et a été une fois membre du jury (2015). Son documentaire est la seule œuvre polynésienne en compétition et cela lui suffit. « Je n’attends pas de distinction, le simple fait qu’il soit dans la sélection permettra de faire parler du sujet. » Voilà tout l’intérêt de la démarche.
Le documentaire de Jacques Navarro-Rovira, s’il n’a pas la prétention de faire changer le cours de l’histoire est « une pierre à l’édifice de sa réhabilitation ». Un procès en révision reste très attendu pour que justice soit faite, « sans haine ni rancune ».
FIFO / Delphine Barrais