La MJMC
En juillet 1967, les Nouvelles de Tahiti titraient que Tahiti aurait sa maison des jeunes en janvier 1969.
Alban Ellacott, président de la Fédération des œuvres laïques (FOL) est l’un des artisans de la création de la MJMC. Au début, la maison de la culture devait s’implanter en face de la base marine mais le maire de Papeete Robert Pambrun s’y opposant, elle fut installée à Paofai où un remblai va permettre de l’accueillir.
Les travaux de construction de la MJMC sont donc engagés dès 1967 sous l’égide d’Alban Ellacott en sa qualité de directeur de l’Equipement grâce à un cofinancement des ministères français des affaires culturelles, de la jeunesse et des sports, des départements et territoires d’Outre-mer et le territoire de la Polynésie française.
Les premiers locaux de la Maison de la culture sont réceptionnés en février 1970. Le grand théâtre reste cependant à construire.
Il ne sera inauguré qu’en octobre 1973.
La Maison des jeunes, maison de la culture de Polynésie française a pour premier statut, celui d’une association loi 1901. Elle répond notamment à la mise en œuvre d’une culture pour tous alors prônée par le ministre André Malraux. Le concept de Maison de la culture imaginée au début des années soixante par le ministre de la Culture André Malraux est de promouvoir une culture pour tous.
Les statuts de la MJMC sont adoptés en juin 1970 en assemblée générale constitutive sous l’autorité du Gouverneur, Pierre Angeli, chef du gouvernement.
Si les locaux de la maison de la culture ont bien été réceptionnés, leur fonctionnement souffre cependant de l’absence d’un directeur et de personnels d’animation, de matériels.
En octobre 1970, la MJMC trouve son directeur en la personne de Jean Laurent.
C’est l’inauguration en janvier 1972 des bibliothèques qui donne à la MJMC son véritable envol.
Do Carlson intègre la Maison de la culture en 1973. Elle va y rester jusqu’en 1988.
L’action des bibliothèques sera renforcée par la mise en œuvre d’un biblionave et de bibliobus au bénéfice des districts.
En 1976, les bibliothèques sont agrandies avec l’extension de leurs locaux et leurs fonds en livres.
A son départ pour Huahine où s’est installé Henri Hiro, Do Carlson sera remplacée par Mylène Raveino.
En janvier 1974, Henri Hiro intègre la MJMC changé de son mensuel.
En janvier 1975, Jean Laurent est remplacé par Marie-Claire Valène. Sa feuille de route de la nouvelle directrice est la défense et l’illustration des langues et les civilisations tant françaises que polynésiennes et de former des animateurs polynésiens.
Des animateurs spécialisés composent l’équipe de Marie-Claire Valène dont Georges Marty, Justin Grad du théâtre Tangarika de Bucarest et Alain Deviègre.
Henri Hiro entre rapidement en conflit avec la politique culturelle de Marie-Claire Valène. Il est éloigné de Tahiti pour suivre des stages en France. Il découvre le cinéma avec Pierre Gurgand.
A son retour à Tahiti, en septembre 1975 Henri Hiro est nommé directeur de la Maison des jeunes de Pira’e. Son engagement politique dans les rangs du parti nouvellement créé : Ia mana te nuna’a, entraine une rapide révocation en décembre 1975 par le maire de Pira’e.
En décembre 1975, Henri Hiro réintègre la maison de la culture de Paofai. Le conseil d’administration qui lui est favorable appuie son programme de valorisation de la culture polynésienne.
Henri Hiro va trouver dans la mission conduite par Marie-Claire Valène deux futurs collaborateurs efficaces et amis : Justin Grad, spécialiste en confection de marionnettes et Alain Deviègre.
Alain Deviègre va notamment adapter les poèmes d’Henri Hiro. Le premier poème adapté fut Oihanu e ou dieu de la culture.
Alain Deviègre propose à Henri Hiro d’adapter en tahitien une pièce de théâtre qu’il affectionne tout particulièrement : En pleine mer du dramaturge polonais Slawomir Mrozek ou l’histoire d’un radeau perdu en pleine mer après un naufrage sur lequel trois hommes, un petit, un moyen et un gros vont avoir rapidement faim. La pièce prend le nom tahitien de I tai !
Le contrat de Marie-Claire Valène n’est pas renouvelé. Henri Hiro est nommé directeur par intérim.
Alain Deviègre propose à Henri Hiro de monter en tahitien la pièce de Ionesco le Rhinocéros qui devient le cochon sauvage : pua’a taetaevao.
En septembre 1977, Henri Hiro est finalement nommé directeur de la MJMC.
Avec le départ de Marie-Claire Valène, une page se tourne. Alain Deviègre, Justin Grad et Dominique Arnaud restent alors que Georges Marti est démissionné.
En 1978, la maison de la culture de la Polynésie française se dote d’une unité cinématographique que Henri Hiro baptise du nom de Matarau, ou regards multiples ou yeux divers et nombreux.
Henri Hiro fait alors venir à Tahiti son ami Pierre Gurgand, formateur en audiovisuel à l’Institut national de l’éducation populaire (INEP).
La première production cinématographique de Matarau sera Ariipaea Vahine ou l’histoire de Ariipaea, reine de Huahine.
Après Ariipaea, Matarau produit Marae, reconstitution historique de l’intronisation d’un jeune prince qui mobilise des centaines de figurants. Coco Hotahota est son chorégraphe.
En 1979, Henri Hiro réalise Eulalie ou une voix des Marquises
E paha, ou peut-être qui prendra le titre de Penei a’e est la dernière des productions réalisées de concert avec Pierre Gurgand.
Avec, le cinéaste Jean l’Hôte engage sous la direction artistique d’Henri Hiro deux films. Le premier Le Château et le second en partenariat avec la MJMC : Le pasteur et la vanille. Jean l’Hôte tournera aussi le Gendarme de Tikehau avec John Mairai.
Enfin, Henri Hiro s’assistera de Ludovic Segara pour tourner les Immémoriaux.
Le 15 janvier 1981 débute un spectacle de marionnettes écrit et mis en scène par Henri Hiro à destination des scolaires : Mai tera ihoa tatou e ou Le papillon et le lézard.
Les marionnettes vont trouver en Alphonse Tematahotoa dit Fanfan leur créateur. Il a été formé par Justin Grad et a bénéficié d’une formation de marionnettiste en France.
Ainsi, est créé et produit, le Rouget et la Mouette.
Les spectacles de marionnettes vont se poursuivre grâce au talent des agents de TFTN. De nouveaux scenarii, des textes et des chants sont créés, des décors et de nouvelles marionnettes sont fabriquées. Mylène Raveino écrit Ariiarii, la mésaventure d’une étoile et les aventures de Rata.
Le spectacle : le Rouget et la Mouette sera à nouveau mis en scène en 2003 au petit théâtre pour enchanter les petits comme les plus grands.
En 1979, l’action culturelle mise en place par Henri Hiro commence à déranger vu son engagement politique contre la politique nucléaire de la France.