Le dessin animé Moana en version tahitienne à To’ata
L’aventure « Moana »
L’histoire Moana et la collaboration avec les Studios Disney
La conception du film d’animation « Moana » produit par les Studios Disney débute en 2011. C’est ainsi que l’équipe technique entreprend ses premiers contacts avec les spécialistes de la culture polynésienne dans les îles du Pacifique. En 2012, les responsables de Disney se rendent à Moorea et prennent l’attache de la présidente de l’association Te Pu Atiti’a, Mme Hinano Teurumereariki Murphy pour faire appel à ses conseils culturels, linguistiques et scientifiques. Celle-ci met aussitôt l’équipe de Disney en relation avec Monsieur Yves Teihotaata, dit Papa Mape, membre du comité des anciens de l’association et président d’honneur dont la sagesse et la connaissance sur l’île de Moorea sont reconnues. Celui-ci leur déclare: « pendant des siècles nous avons été happés par votre culture, puissiez-vous, un jour, être happés par la nôtre« . Emue par cette déclaration, la réaction de Disney est immédiate: le projet d’une version en Reo Tahiti est envisagé.
Les premiers travaux d’études et d’investigation de Disney sur le terrain à Moorea démarrent grâce à la collaboration étroite et au bénévolat de l’association Te Pu Atiti’a. Mme Murphy et ses collaborateurs se rendent dans les Studios de Disney en 2014 pour prendre connaissance des ébauches de « Moana », pour apporter des informations supplémentaires et faire des réajustements si nécessaire. Le travail de la réalisation du dessin animé se poursuit sur les 3 années qui ont suivi.
Touchée par l’amour que portent les Polynésiens à leur culture et à leur langue, la direction de Disney accepte la proposition de Mme Hinano Murphy de réaliser une version de Moana non commerciale, en Reo Tahiti à des fins pédagogiques et pour l’apprentissage et la connaissance de la langue tahitienne et de la culture polynésienne. La distribution gratuite de mille DVD aux établissements scolaires, associations et services du Pays est convenue ainsi que la conservation du nom original de « Moana ».
L’association Te Pu Atiti’a
L’association culturelle est née en 2002 sous la direction de Mme Murphy et a œuvré en partenariat avec la station Gump toutes ces années pour la protection du patrimoine culturel, linguistique et scientifique. Ses objectifs sont divers: la recherche, l’éducation, le développement communautaire, la responsabilisation des jeunes. Grâce au soutien des scientifiques locaux et internationaux qui documentent et valorisent l’héritage bio-culturel des Polynésiens, à celui des artisans, des matahiapo, au partenariat du ministère de l’éducation, Te Pu Atiti’a reçoit les écoles dans les ateliers de langue polynésienne, d’artisanat, d’agriculture traditionnelle, d’étude de la faune et la flore terrestre et marine. Elle aide également les étudiants d’université dans leur travail de recherche sur des programmes de conservation et de protection à Moorea et Tetiaroa, elle coordonne des programmes de sensibilisation avec le public, et participe dans les projets Biocode et LTER (long Term Ecological Research) qui consiste à faire le suivi des récifs coralliens. Te Pu Atiti’a est aujourd’hui reconnue comme une plateforme de rencontre entre la connaissance traditionnelle et la science et a déjà reçu plus de 14 000 étudiants.
Moana en Reo Tahiti
Mise en place de l’équipe polynésienne
La traduction de « Moana » démarre en novembre 2016 dès sa sortie officielle dans le monde.
C’est ainsi qu’une équipe d’experts volontaires se met en place. Constituée de professeurs et de maîtres de conférences, elle réunit 7 membres qui ont travaillé avec passion et dévouement à la traduction de ce film.
En parallèle, la direction musicale des artistes polynésiens a été confiée à Mr Felix Vilchez accompagné de Mr Heimana Flohr en tant qu’assistant technique.
Soutien et accompagnement technique de Disney
La direction des Studios Disney a accompagné l’équipe polynésienne tout au long de ce travail. Mr Rick Dempsey, directeur des versions étrangères, accompagné de Mr Serge Courtois, technicien de Disney, ont révisé et finalisé les enregistrements de la version en Reo Tahiti dans les locaux de la DINE.
Mixage final du film dans les Studios Disney
Mme Murphy et Mr Heimana Flohr se sont rendus dans les Studios de Disney à la mi-mars 2017 pour finaliser le mixage du film.
Les meilleurs spécialistes de Disney ont apporté tout leur soutien technique pour que cette version en Reo Tahiti soit une réussite absolue.
Le technicien polynésien Mr Heimana Flohr, s’est vu offrir par la direction de Disney, un stage d’une semaine où il a pu bénéficier des connaissances des meilleurs techniciens de l’enregistrement de Disney.
Collaboration du Territoire
Un remerciement tout particulier pour leur soutien matériel et financier, Monsieur le Président de la Polynésie française, Monsieur le Ministre de la culture, de l’environnement, de l’artisanat de l’énergie et des mines, en charge de la promotion des langues, Madame la Ministre de l’éducation et Madame la Ministre du tourisme.
La projection de Moana à l’Espace To’ata
Sous le haut patronage de Président de la Polynésie française, une projection de la version en Reo Tahiti de Moana est prévue à l’Espace To’ata ainsi que dans les Jardins du Parc Paofai le samedi 29 avril 2017.
La projection à l’Espace To’ata
L’Espace To’ata contient 4 200 places.
Le grand public qui souhaite assister à la projection de Moana en Reo Tahiti sur l’Espace To’ata devra obtenir un bracelet d’entrée.
Les bracelets d’entrée seront distribués gratuitement sur place à To’ata, à partir de16h00. Il faudra impérativement se présenter sur place pour obtenir un bracelet. Il n’y aura qu’un seul bracelet par personne.
Les bébés de moins de 2 ans pourront être maintenus sur les genoux des parents. Pour les enfants de plus de 2 ans, il faudra avoir un bracelet d’entrée.
Les portes de l’Espace To’ata ouvriront à partir de 17h30. Le public sera invité à entrer à leur convenance, en fonction de leur place attribuée.
S’agissant d’une soirée exceptionnelle, l’Association Te Pu No Atiti’a demande au public de s’habiller en tenue locale avec si possible des couronnes de fleurs.
La projection dans les Jardins du Parc Paofai
Pour ceux qui ne pourraient pas entrer dans l’Espace To’ata, une diffusion simultanée est prévue à partir de 19h30, dans les Jardins du Parc Paofai.
Chacun est invité à venir regarder le dessin animé, en famille ou entre amis, accompagné de leur peue.
Programme
18:45 Début de la cérémonie d’accueil
Prière
Chorale « Tatou te horomoana »
Discours de Hinano MURPHY
Himene Tarava
Vidéo M. John LASSETER
Discours de Mrs Osnat SHURER
Vidéo « E fano ai au » Sabrina
Discours du Président de la Polynésie française
Présentation des voix off
Vidéo « Tatou te horomoana » Warren
19:30 Début de la projection
Interviews des participants
Hinano MURPHY
« J’ai baigné dans ma culture et j’ai eu la chance d’avoir des parents très impliqués dans la communauté. Ma grand-mère maternelle ne parlait que le paumotu et le tahitien ; c’est dans ces deux langues qu’elle nous contait toutes les histoires et légendes de nos îles. Au début de ma carrière d’enseignante, je n’avais pas pris conscience de l’importance de nos langues car je comprenais parfaitement les langues paumotu, tahitien et français et j’arrivais à évoluer avec toutes ces langues.
C’est à Maupiti que j’ai pris conscience de l’importance de la langue. L’école a changé la vision des parents, l’école a donné aux parents l’image d’une société avec d’autres valeurs. Celle de la réussite scolaire des enfants grâce à la bonne maitrise du français. Mais, ce que l’école a oublié de dire aux parents c’est qu’il faut continuer à parler nos langues à la maison, c’est très important. Cet abandon de notre langue pour le français, c’est ce qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Consciente de l’importance et de la richesse de nos langues et de notre culture, j’ai essayé de les promouvoir davantage.
J’ai fondé avec le concours d’experts sur l’ile de Moorea, l’Association TE PU ATITI’A, association culturelle et éducative qui vient soutenir les projets des enseignants.
Au sein de l’association, nous avons des Anciens, qui apportent sagesse, savoirs être et savoirs faire pour constamment nous lier à l’importance des valeurs qui sous-tendent la manière de penser de notre peuple. Donc lorsque Disney est venu il y a cinq ans en Polynésie pour faire connaissance avec nos iles et notre communauté, ils ont visité bien des endroits, ont rencontré bien des personnes et ont entendu bien des histoires et légendes qui ont grandement influencé l’esthétique et l’histoire du film.
Ils ont notamment rencontré Papa Mape, un humble pêcheur avec beaucoup de respect pour notre environnement. La discussion a tourné autour des savoirs être, savoirs faire et savoirs transmettre. Nous avons parlé de la richesse de nos iles et de notre peuple, cette richesse que nous ne décrivons pas par l’argent mais par l’amour d’un peuple pour l’autre, cette richesse du coeur, cette richesse du partage, des joies et des peines. Cette manière de voir l’autre comme un ami et de lui dire gentiment et sincèrement, je vois ce que tu veux mais lis au fond de mes pensées il y a également des inquiétudes et des peines. Et si tu peux porter un peu de ce fardeau alors tu es des nôtres.
Nous nous sommes dit au revoir autour de deux points restés en suspend ; l’idée d’une version tahitienne de Moana. Puis Papa Mape enchaine « Pendant des siècles, nous avons été happés par votre culture, puissiez-vous un jour, être happés par la notre! «
Quel hommage à nos ancêtres, notre culture et nos langues.
Et pour couronner le tout : un symbole, non pas celui qui nous a été donné pour nous punir d’avoir parlé spontanément notre langue dans la cour de l’école, mais symbole fort qui portait le pardon pour les cicatrices de ce geste. Un petit carré de tapa vierge, cette écorce arrachée au « uru » et battue par les femmes des Marquises, accompagné d’un petit message, » si toutefois il vous arrivait de décorer ce tapa faisons le ensemble. ». C’est ainsi que l’aventure a commencé.
Papa Mape et bien d’autres personnes nous ont quittés depuis. Ce sont à eux que Te Pu Atiti’a ainsi que toutes les personnes ayant participé à cette aventure souhaitent rendre hommage à travers ce film.
C’est un film dédié à nos enfants, aux futures générations ; polynésiens de coeur et polynésiens dans l’âme, polynésiens de souche, et polynésiens aux yeux bridés, polynésiens aux yeux bleux ou verts,….L’important c’est que notre langue nous rassemble.
Disney voulait mettre un point d’honneur à nous aider à réaliser notre rêve. Tout était entre nos mains, à nous de prouver que nous pouvions le faire!
Cette aventure était très riche. Avec d’autres experts (anthropologues, linguistes, maîtres navigateurs, conseillers culturels, etc) nous nous assurions que cette production soit la plus respectueuse de la culture polynésienne et que les équipes de Disney puissent rendre hommage à toutes les personnes qu’elles avaient rencontré durant leur voyage. C’était ce qu’il y avait de plus important pour nous : ne pas trahir les valeurs de notre peuple ma’ohi, que nos enfants se retrouvent dans cette histoire et montrer l’attachement et l’amour que l’on porte à nos îles et notre océan.
Cette aventure était en quelque sorte une pirogue, un lieu de partage et de concessions sans fin, d’humilité et de compassion, d’apprentissage et de transmission, un lieu de résolutions et d’accomplissements.
J’ai mesuré l’urgence de partager à outrance avec nos générations futures, les asseoir dans leur culture et leur faire découvrir de nouveaux moyens et métiers nécessaires à la préservation et à l’unicité de notre peuple. J’ai envie de leur dire que j’ai confiance en eux et que je compte sur eux pourporter notre héritage bio-culturel très haut. Ils sont les futurs gestionnaires de ce patrimoine tant convoité que nous ont légués nos ancêtres, nos grands parents et parents avec beaucoup de cicatrices de la colonisation. C’est à eux de penser, réfléchir et décider de ce qui est le meilleur pour nos petits enfants, tout en gardant en mémoire qu’il faut évoluer dans cet espace appelé par nos ancêtres « Te Moana Nui a Hiva », ce grand océan qui est au-delà de nos récifs, mais toujours en nous ».
Heimana FLOHR
« Cette aventure était extraordinaire, magnifique, magique et incroyable ; autant d’adjectifs pour décrire ce grand challenge qui est à vivre au moins une fois dans sa vie !
Personnellement, elle m’a beaucoup apporté en matière de rencontre et de partage mais surtout au niveau dela remise en question par rapport à notre histoire, notre culture, notre langue Tahitienne. Elle m’a donné l’envie d’en apprendre d’avantage et surtout de préserver notre si belle langue.
De plus, travailler avec Disney a toujours été un rêve pour moi, et merci Seigneur, grâce à cette aventure j’ai rencontré des gens formidables, ayant la même détermination où chacun donnait le meilleur de soi, pour que cette version soit la plus parfaite possible et montrer que nous aussi, peuple polynésien, nous avons les compétences et la motivation de pouvoir réaliser un tel film !
C’est pour notre langue, pour notre histoire et celle des générations à venir, je suis reconnaissant d’avoir pu contribuer à cette version Tahitienne.
Professionnellement, j’ai eu la chance d’apprendre énormément de Disney. Etant un jeune ingénieur du son, pour mon expérience, travailler avec des grands techniciens son comme ceux de Disney et pour la réalisation d’un tel film c’était incroyable.
En plus d’avoir était sélectionné en tant que chanteur de Tamatoa alias « Anatoa », j’ai aussi été volontaire pour aider l’équipe technique locale. Un ingénieur son de Disney, Serge Courtois, est descendu à Tahiti pournous aider dans l’enregistrement. J’ai eu la chance d’apprendre de lui, d’apprendre de nouvelles techniques et de nouvelles méthodes de travail. Ensuite tout s’est enchainé très vite, je suis parti avec Hinano Murphy à « Walt Disney Studio Company » pour finaliser la suite du travail. Ce fut l’occasion de rencontrer plusieurs autres grands ingénieurs du son, tels que Gustavo Borner, David Fluhr et Scott Hinkley, qui s’occupent des mixages des films et des musiques chez Disney.
Nous avons mis tout notre cœur et notre bonne volonté dans la réalisation de cette version tahitienne. J’espère que de film marquera la population autant qu’il nous a marqué et que tous ensemble nous continuerons à promouvoir notre langue et toutes les autres langues polynésiennes. Cette version inédite est magique : elle marque l’histoire, notre histoire et montre qu’on peut faire de grandes choses ».
Ludmilla CHIN MEUN
« Au début c’était un travail de traduction, c’est tout. Je n’imaginais pas l’ampleur que ça allait prendre et l’aventure que j’allais vivre. Il y a eu des moments incroyables, des fous rires à n’en plus finir, des échanges très intenses surtout au niveau des termes et expressions à utiliser. On a mis notre vie familiale de côté pour cette aventure qui est devenue primordiale pour nous. A travers cette traduction, l’objectif était de promouvoir la langue et d’avoir un nouvel outil pédagogique pour permettre à nos jeunes de se la réapproprier. Cette aventure était un véritable bonheur. La langue c’est ma passion. Je suis polynésienne et pour être polynésienne il faut que je parle ma langue. Outre le fait que nous avons le sang Maohi, c’est la langue qui vient consolider notre origine. Un pays sans langue n’est plus un pays, un peuple sans langue n’est plus un peuple ».
Mirose PAIA
« Le dessin animé Moana retrace vraiment une période épique, notre histoire et celle de nos ancêtres, l’histoire qui accompagne aussi les données scientifiques sur la migration, l’astronomie, etc. C’est donc quelque chose d’extraordinaire pour moi de faire partie de cette aventure.’ Cela m’a apporté un enrichissement pour la langue et cette adaptation inédite en tahitien nous a permis de mettre à l’épreuve notre capacité à traduire. C’est aussi quelque chose que je laisse à ma fille. Ce film, elle y est très attachée ; ça lui rappelle son histoire, celle du peuple polynésien. Pour moi, la langue tahitienne est un enjeu. C’est une langue orale qui traduit aussi bien des mots, que des émotions et des sensations. C’est une langue à part entière qui retrace une vision du monde, qui permet d’aborder une culture et une manière de penser différente de ce que les autres langues peuvent véhiculer ».
Denise RAAPOTO
« Dès qu’on m’a parlé du projet, j’ai dit : « je monte avec toi dans la pirogue, je veux ramer moi aussi ». J’ai été passionné par ce travail de traduction. Cela a été un enrichissement à tous les niveaux. Réunis par la même passion, nous étions une équipe très soudée, complémentaire, et positive avec le même objectif. Il y a eu beaucoup de moments agréables de partage et d’échange très riche.
Beaucoup de jeunes n’ont plus confiance en eux, ils ont peur de parler leur langue. Mais il faut l’utiliser pour la faire vivre sinon nous allons la perdre. C’est une langue qui nous appartient, nous, peuple maohi. C’est grâce à ma langue qu’on reconnaît mon statut de polynésienne ».
Etienne RAAPOTO
« A un moment où la langue tahitienne est en train de se perdre, je me suis dit : « quelle opportunité ! » et j’ai sauté sur l’occasion. Au sein de l’équipe de traduction, nous partagions la même chose : cette réalité qui est de se battre pour notre langue et la sauver ; c’est ça la véritable aventure Moana.
Nous sommes nombreux a avoir occulté complètement la langue. Mais il ne faut pas oublier que sans notre culture, sans notre langue, on n’est plus polynésien et si on n’est plus polynésien, c’est une partie de notre âme qu’on est en train de tuer. C’est après mes études qu’il m’était primordial de m’imprégner de ma langue et de ma culture ; c’est comme çà que j’ai eu la volonté d’apprendre.
La traduction de Moana était une belle aventure, très enrichissante. Malgré le manque de sommeil, nous avons réussi le pari et je pense que cela va être partagé par tout le monde ».
Christiane FOUGEROUSE
« C’était une expérience profondément prenante avec des échanges très fructueux où chacun donnait du sien. Quand on aime ce que l’on fait, on ne compte pas nos heures ni notre temps. Il y avait une réelle harmonisation dans le groupe, les échanges étaient très riches que ce soit au niveau de la traduction, des termes appropriés et de la recherche de textes. Nous étions fières de mettre en avant notre langue et soulagés d’avoir relevé le défi au vu de l’échéancier. Il faut parler notre langue ; c’est notre langue première, elle est si belle ! C’est en s’appropriant notre langue et notre culture qu’on sera plus à même de s’approprier celles des autres »
Félix VILCHEZ
« C’était une aventure incroyable, très prenante, on tenait tous à la mener jusqu’au bout. C’était un travail intense que ce soit au niveau de la traduction mais aussi de la technique ; il y avait une énorme pression, les délais étaient courts et il y avait une exigence de qualité. C’était incroyable de travailler sur un projet signé par Disney et pour la langue tahitienne ; c’est historique ! C’est important d’essayer de préserver ses valeurs et sa langue afin de se connaître et s’accepter soi-même. C’est elle qui fait le lien entre la communauté, le partage, la nature etc. Il faut que ce dessin animé soit l’instrument qui va faire bouger les choses, créer une synergie et favoriser la création audiovisuelle en tahitien. C’est n’est pas une affaire de buisness, c’est une affaire d’amour pour la terre, pour le pays ».
Ataria FIRIAPU
« La pression est vite arrivée. C’est en voyant l’engouement de la population locale et internationale pour ce dessin animé que j’ai réalisé qu’on était embarqué dans quelque chose de grandiose. C’est une expérience passionnante. Je me suis retrouvé en face de personnes qui ont une grande connaissance de la culture. Chaque jour, j’étais comme baigné dans une mare de connaissance. Chaque membre de l’équipe avait sa sensibilité, son vécu, son expérience et tous ensemble on a passé de très bons moments dans la joie et la bonne humeur. A travers cette expérience, je retiens vraiment le don de soi « c’est un petit pas pour l’homme, mais un grand pas pour le peuple maohi ». Je suis très attaché à ma langue, j’en apprends tous les jours et j’en apprendrai toujours ; je ne voudrai pas qu’un jour mes enfants me reprochent de n’avoir rien faire pour la protéger ».
Vaiana PEREZ
« En tant qu’artiste c’est une aventure très enrichissante. Travailler au sein d’une équipe polynésienne et avec Disney, on se sent forcément privilégiée et on apprend beaucoup. Sur tous les plans c’était une merveilleuse aventure humaine et artistique. Aussi en tant que polynésienne on porte des valeurs, on participe à un projet qui vient mettre en valeur notre culture, faire éveiller les consciences, notamment par rapport à la beauté de notre langue et l’importance de continuer à la faire vivre et évoluer ».
Steeve REEA
« Bien avant le projet, le fait de savoir qu’il allait y avoir un dessin animé qui parle d’une légende polynésienne c’était génial. Ensuite de savoir qu’il allait y avoir une version tahitienne, on ne demandait pas mieux! Le fait d’avoir pu participer à ce projet était une immense joie. Cela m’a apporté de l’expérience au niveau musicalemais j’ai également pu rencontrer des personnes formidables. Participer à un projet qui rend hommage à la langue et à la culture polynésienne était un réel défi pour moi. Ce projet est une belle reconnaissance de notre langue et notre culture ; je pense que beaucoup de gens vont ressentir le plaisir de ce film en version tahitienne ».
Warren TEANINIURAITEMOANA
« C’était une aventure humaine extraordinaire ; travailler avec de telles personnes était vraiment un travail unique. On a aussi eu de la chance d’avoir un représentant de Disney. Même si on était stressé on était aussi très fière. D’ailleurs mes élèves n’attendent que de voir la version tahitienne du film! J’ai été très excité du début jusqu’à la fin par ce projet et je ressens une énorme fierté d’y avoir participé ».
Maryel TAEAETUA-PEREZ
« C’était un véritable plaisir et un honneur que notre studio ait été choisi et validé par Disney. C’est un travail à l’attention de nos élèves dans le cadre de l’enseignement du tahitien. Ce film permet de valoriser la langue auprès de l’opinion publique. Si Disney accepte de faire cette version tahitienne c’est bien que notre langue est à valoriser. Cela veut aussi dire que nous aussi, les parents, les enseignants, les familles, les élèves,nous devons en prendre conscience. Notre langue a été reconnu internationalement par Disney, à nous de l’enseigner ! C’est un nouveau support pour les enseignants et ce de la maternel jusqu’à l’enseignement supérieur. En plus de la langue, il y a d’autres thèmes à aborder comme la navigation par les étoiles, la vie en communauté, etc. C’était vraiment un beau projet qu’on a fait avec plaisir ».
Jean-Luc DI GIORGIO
« Quand on sait le nombre de techniciens qu’il y a dans le monde, on se dit que c’est nous, les petits techniciens perdu en plein milieu du Pacifique, qui ont été choisi pour participer à ce projet. Beaucoup de gens aimeraient être à notre place. D’un point de vue technique, nous avons découvert une autre manière de travailler. C’était un véritable challenge pour nous ; le dessin animé Moana est en quelque sorte l’apothéose de notre travail ».
Henri-Emmanuel HERVEGUEN
« On a apporté notre contribution à ce projet ambitieux et nous avons beaucoup appris de l’expérience des personnes qu’on a côtoyé. C’était un échange enrichissant notamment sur les compétences techniques pour réaliser ce projet. Je n’ai pas tout de suite réalisé la valeur au niveau culturel, linguistique et pédagogique de ce projet. Avec le recul, en voyant l’ampleur et l’engouement de la population, je suis honoré d’avoir participé à cette aventure ; cela a été pour moi une sacrée chance ».
Yann TAAE
« Au début on se demandait :mais dans quoi on s’embarque ? Puis on y est allé, c’était un véritable challenge à relever, on tenait vraiment à participer à cette version tahitienne. C’était une grande opportunité et une véritable fierté pour nous ».