« Le Fifo donne à l’Océanie une parole »
Le coup d’envoi du 16e festival international du film documentaire océanien a été donné ce mardi matin, sur le paepae a Hiro de la Maison de la culture. Le Fifo est le deuxième plus grand événement culturel de l’année en Polynésie française, comme l’a souligné le vice-président, Teva Rohfritsch, et son rayonnement dépasse les frontières du fenua en permettant, selon les termes employés par Wallès Kotra, cofondateur de la manifestation, « la visibilité de ce continent invisible ».
L’enfant a grandi, le Fifo fête cette année ses 16 ans, l’âge des initiations dans de nombreuses cultures océaniennes, comme le fait remarquer Gérald Prufer, directeur régional de Polynésie la 1ère. Au fil des ans, la manifestation est devenue un « symbole de partage de la parole océanienne, qui offre la possibilité de bâtir l’avenir d’une Océanie qui nous ressemble et qui nous rassemble », énonce Miriama Bono, présidente de l’Afifo. Le festival « nous permet de nous enrichir de la vision de l’autre, il nous invite à nous recentrer et à renforcer notre ancrage océanien », ajoute le vice-président de la Polynésie française, Teva Rohfritsch. Cela répond à un vrai besoin, comme le souligne Wallès Kotra, directeur exécutif du pôle Outre-mer de France télévisions : « Ce n’est pas naturel de se rencontrer en Océanie, malgré les moyens modernes dont on dispose pour voyager. Chacun reste dans son île, s’occupe de son pito. » Le Fifo invite à l’optimisme, les réalisateurs et producteurs de toute la région sont fidèles au rendez-vous et le public répond toujours présent, avec beaucoup de curiosité et d’enthousiasme.
Le festival n’offre pas seulement l’occasion aux Océaniens de se rassembler, il « permet la visibilité de ce continent invisible », affirme Wallès Kotra, faisant référence à l’expression employée par Jean-Marie Gustave Le Clézio. Le cofondateur du festival cite aussi Aimé Césaire, qui regrettait que « nos pays ne soient souvent que des paysages ». « Le Fifo permet d’aller au-delà de la carte postale, il donne à l’Océanie une parole, qui est nécessaire à une vision équilibrée du monde », remarque Wallès Kotra. Les partenaires État et Pays le rejoignent sur l’importance qu’a prise cet « événement majeur », selon les mots de Patrick Naudin, secrétaire général adjoint du haut-commissaire. Pour Teva Rohfritsch, le Fifo est ainsi devenu « une référence culturelle dans le Pacifique Sud ».
Un élan offert à la jeunesse
La force de cette manifestation est de « rendre les films accessibles au plus grand nombre, de sensibiliser les jeunes au langage audiovisuel », souligne Patrick Naudin. Cette semaine, ce sont quelque 7 000 scolaires qui en profiteront ; « c’est un élan offert à la jeunesse », note Miriama Bono, qui rappelle que le Fifo ne s’arrête pas à la semaine de projections et de rencontres. « Les films, comme les esprits du Pacifique, vont en effet continuer à voyager », déclare Wallès Kotra. Les îles polynésiennes, mais aussi la Nouvelle-Calédonie, le Vanuatu, Wallis-et-Futuna, l’Hexagone, et même Rapa Nui (Île de Pâques) ont l’opportunité de profiter de la riche programmation du festival grâce au Fifo hors les murs.
Pour ce 16e rendez-vous, le maire de Papeete, par la voix de Manouche Lehartel, conseillère municipale, souhaite que « le Fifo puisse continuer à tisser des liens entre les peuples du Grand océan ». « Ému et impressionné » d’être présent, le président du jury, Carl Aderhold, espère plein de surprises et de belles découvertes, « tout ce qui nous aide à devenir plus humains, c’est-à-dire plus libres, plus égaux et plus fraternels ».
FIFO – Elodie Largenton