Le Good Pitch, un tremplin pour la création audiovisuelle
Ce mardi 6 février s’est déroulée la première rencontre audiovisuelle du 15ième FIFO. Une rencontre pour présenter le Good Pitch, un dispositif mis en place en 2005, qui fait depuis fureur. Explications.
Mis en place par la fondation BRITDOC en partenariat avec la fondation Ford et le Sundance Institute afin de mettre en relation les porteurs de projets et les financeurs potentiels, le Good Pitch est un phénomène parti d’Angleterre avant de traverser les océans pour se retrouver en Australie, en Nouvelle-Zélande et aux Etats-Unis. Animée par Alex Lee, directeur du festival néo-zélandais Doc Edge, cette première rencontre audiovisuelle a présenté le dispositif pour inciter les réalisateurs locaux à s’inscrire. L’ambition de ce fin connaisseur des documentaires de la région pacifique : développer un Good Pitch Pasifica d’ici 2020. L’idée : mettre en place des ateliers des productions dont on peut mesurer l’impact dans la société (« productions en impact ») afin de développer les productions, les diffuseurs, les partenaires que ce soit des philanthropes, des ONG ou des associations à but non lucratif. « Pourquoi un Good Pitch Pasifica ? Car nous avons des histoires incroyables et des interrogations à partager. On doit se faire connaître pour avoir des financements car les gens ne nous connaissent pas. Il est important de créer des voix pour que ces histoires soient racontées », explique Alex Lee devant une petite assemblée rassemblée sous le chapiteau de la Maison de la Culture.
Impacter le monde
Le directeur du festival Doc Edge prend exemple sur les succès des différents Good Pitch, dont celui de l’Australie qui a déjà organisé trois éditions. 37 programmes Good Pitch ont été développés dans 15 pays, et 29 millions de dollars ont été récoltés. « Pour la région océanienne, on a besoin de ce soutien financier. Depuis 2008, 4700 organisations pour 42 pays dans le monde se sont impliquées. 500 cinéastes ont pu développer leur film et 250 films ont été pitchés ». Parmi les films pitchés, des films qui ont été récompensés par des prix prestigieux comme Last Men at Aleppo primé aux oscars, ou The Opposition qui a reçu le Grand Prix du FIFO en 2017. « On veut des films qui ont un impact social fort, le but est que les communautés racontent leur histoire et, pour cela, elles ont besoin d’aide », souligne Alex Lee qui tient à revenir sur le terme de « production en impact » créé récemment. « Ici, c’est le cinéaste ou le producteur qui doit être en mesure de voir le potentiel d’un film, voir quel impact il peut apporter dans le monde et le changer ». Pour étayer son exemple, Alex Lee invite Holly Fifer, réalisatrice de The Opposition présente pour ce 15ième FIFO, à prendre le micro et raconter son expérience. « Suite au film, des gens qui travaillent dans le droit commun se sont impliqués alors qu’ils ne connaissaient pas cette communauté », souligne la réalisatrice qui a suivi une communauté de Papouasie Nouvelle-Guinée menacée d’être rayée de la carte pour un projet d’hôtellerie touristique. « Nous avons été attaqués en justice pour ce film. Sans le soutien de ces gens, des fondations, des ONG, nous aurions perdu le procès. Grâce à eux, nous avons obtenu le droit de projeter le film dans 49 villes autour du monde», confie Holly Fifer qui a obtenu la moitié de son financement grâce au Good Pitch.
Dialoguer pour construire
Autre exemple de ce que peut apporter le Good Pitch avec le film Out in the silence de Joe Wilson et son compagnon Dean Hammer. Ce documentaire raconte leur histoire, leur union et le problème de l’homophobie. « Nous avons participé à l’un des premiers Good Pitch, et nous avons ainsi pu faire campagne auprès des communautés et rencontrer des personnes qui voulaient nous aider à la fois financièrement mais aussi et surtout parce que la question les intéressait », explique Joe Wilson qui présente pour ce FIFO 2018 le documentaire Joey and the Leitis. Le phénomène Good Pitch est donc un véritable catalyseur pour les réalisateurs. « Nous sommes les gardiens de l’histoire du Pacifique, intervient Alex Lee, On peut se servir de relais pour le Pacifique afin d’essayer d’apporter de belles histoires dans la région et améliorer la création de film. Il faut faire mais aussi voir ce qu’il se passe une fois que le film est réalisé. Quel est l’étape suivante d’un Good pitch ? On aimerait avoir un début de conversation avec les îles du Pacifique. On peut imaginer qu’il y ait un Good Pitch à Tahiti, puis à Auckland, à Nouméa. Et, ainsi, aider les locaux à trouver des financements pour leurs films et les utiliser pour le lancement du Good Pitch Pasifica ». Aujourd’hui, ce Good Pitch Pasifica est en phase de construction et de planification. 2018 et 2019 permettront de promouvoir le Good Pitch local, de rassembler les îles du Pacifique, chercher des coordinateurs locaux pour lancer le dialogue, chercher une stratégie collective pour ensuite lancer ce dispositif. Un premier pas vers un véritable développement de la création audiovisuelle dans l’Océanie.
FIFO / Suliane Favennec