Le regard aiguisé des scolaires en avant-première au Fifo
Comme chaque année, les élèves de Tahiti et de Moorea bénéficient d’une journée entière qui leur est dédiée, avec projections de films, rencontres avec les réalisateurs, et ateliers sur le monde de l’audiovisuel. Très curieux, les jeunes en profitent pour en apprendre autant sur les métiers du documentaire que sur les sujets traités.
La salle du Grand théâtre est pleine à craquer quand démarre la projection du film en marquisien en compétition officielle, Patutiki, l’art du tatouage des îles Marquises. Parmi les collégiens et lycéens présents, Shanna, Keanuna et Adélie sont particulièrement attentives : elles se sont rendues aux Marquises l’an passé avec leur classe de 5e patrimoine du collège de Paopao. « On a rencontré des personnages du film et un des tatoueurs, on est attaché sentimentalement à ce documentaire », confie Shanna avant la projection. Pas de déception à la sortie, bien au contraire : « J’ai pleuré, je suis fière de le dire, c’était très émouvant. » « Ça fait chaud au cœur de revoir tout ça », ajoute Keanuna, « c’est fidèle à ce qu’on a vu sur place, on retrouve les témoignages, les légendes… et ça donne envie de se faire tatouer ! » Dans la salle, ils sont très peu nombreux à lever la main quand l’un des réalisateurs leur demande s’ils ont un tatouage. Or, dans leur film, ils racontent que dans le temps, le tatouage était un rite initiatique, primordial pour devenir un homme et être considéré, et que les premières inscriptions étaient faites vers l’âge de 14 ans. S’ils ne semblent majoritairement pas prêts à se faire tatouer, les jeunes sepectateurs sont en revanche très curieux et suffisamment courageux pour se lever et prendre le micro devant des centaines d’autres jeunes. « Les étrangers avaient-ils le droit de se faire tatouer ? Comment évolue le tatouage marquisien aujourd’hui ? Quel message avez-vous voulu faire passer ? Qu’est-ce que ça vous a apporté personnellement ? »… L’échange est riche, ponctué d’applaudissements. Mais il faut libérer la place pour le film suivant…
À la découverte des « métiers de l’ombre »
Alors direction les ateliers, dans la salle Muriavai. Heimana Flohr, ingénieur du son, explique les différentes facettes de son métier, notamment au cinéma. De quoi « donner des idées pour plus tard » à ces jeunes collégiens heureux d’avoir découvert « des métiers de l’ombre ». « On connaît souvent les caméramans, les acteurs, mais pas les ‘perchmans’ ; ça peut être compliqué, mais ça a l’air carrément cool ! » Des élèves de 6e du collège de Taaone et des lycéens de Papara, dont certains en option cinéma, restent dans la salle pour rencontrer l’intervenante suivante : Brigitte Olivier, journaliste à Polynésie la 1ère. Pour les élèves de terminale, c’est l’heure de choisir son orientation, alors ils sont curieux de savoir comment l’intervenante a « su qu’elle voulait devenir journaliste », quelles sont les « difficultés qu’elle rencontre dans l’exercice de son métier », ce qu’elle aime le plus et au contraire, ce qu’elle apprécie le moins… Dans la salle d’en face, l’atelier est plus pratique avec des exercices sur ordinateur pour tester la modélisation en 3D. Pour Myron, élève en 1e systèmes numériques au lycée de Mahina, c’est « intéressant de découvrir qu’on peut faire ce que l’on veut en 3 dimensions » ; il aimerait pouvoir créer un personnage. Un projet qui pourrait se concrétiser au sein de sa classe – le professeur d’électronique qui les accompagne, Matthieu Coiffé, envisage un suivi, d’autant que l’établissement dispose d’une imprimante 3D. Après l’atelier, les élèves partent à la découverte des films de toute la région au Grand et au Petit théâtre, au cœur même du Fifo, qui ouvre ses portes au grand public mardi matin.
Crédit photo : facebook.com/fifo.officiel