Les enjeux de la télévision de demain
La télévision a beaucoup changé et de nouveaux défis l’attendent encore. Philippe Deloeuvre, directeur de la stratégie numérique pour France Télévisions, a animé deux rencontres tout au long du FIFO autour de la télévision de demain. Les enjeux : trouver les outils qui prennent en compte les usages des consommateurs, mais aussi leurs attentes.
Deux millions de Français regardent chaque jour la télévision sur d’autres écrans que leur classique télévision (+ 20 % en 1 an), et ils la regardent moins longtemps (actuellement la moyenne est de 3h40 par jour, soit 4 minutes de moins que l’année précédente). Mais pour les chaînes de télévision le vrai challenge se situe ailleurs, dans le temps choisi. “Les gens ne veulent plus être contraints de prendre un programme dans une grille à un horaire imposé. On veut regarder sa télé quand on veut”, souligne Philippe Deloeuvre qui rappelle que 2,2 millions de personnes sont adeptes, tous les jours, du replay, en France. Cela signifie que la télévision de demain doit intégrer ce besoin et permettre à chacun de regarder en rattrapage ou alors de reprendre une émission en cours de diffusion, par exemple.
Mais là n’est pas le seul défi. Aujourd’hui tout le monde peut produire des images de plus ou moins bonne qualité en haute définition. “Ce sont des images d’amateurs, mais qui deviennent petit à petit des professionnels. Cela veut dire qu’on passe d’un monde de l’audiovisuel très fermé, difficile d’accès, à un monde qui est en train de s’ouvrir et où presque chacun peut diffuser sa production. D’ailleurs, le slogan de Youtube est “Broadcast yourself”. Evidemment, pour nous ça change la donne”, souligne ce spécialiste du numérique. Même l’information, un secteur professionnalisé, n’est pas épargnée ; tout le monde peut créer un blog, envoyer des images. “Et surtout, les gens veulent une information en temps réel, c’est donc tout ça les enjeux.”
Pour répondre à ces attentes, il faut réfléchir au-delà de la pertinence des programmes et permettre justement aux programmes de trouver leur public. Etre vus par les nouvelles générations, recruter de nouveaux visages, expérimenter de nouvelles écritures. Pour Philippe Deloeuvre, “les nouvelles écritures peuvent prendre plusieurs formes. Parfois il s’agit de productions qui ressemblent à des programmes mais fabriqués avec des moyens plus légers et des coûts moindres par rapport à un programme classique. Parfois ce sont des choses plus hybrides, ça commence avec un morceau de vidéo et puis ca continue sur de l’interaction.” L’exemple parfait est l’émission Génération quoi ? qui était également une grande enquête auprès des jeunes proposée par France Télévisions et ses partenaires. Est-ce que tous ces nouveaux formats vont remplacer un jour la télévision telle que nous la connaissons ? Sans doute que non, mais ils devront cohabiter. “Il faut encore un peu d’imagination pour voir tout ce que cela va être”, conclut Philippe Deloeuvre.
La télé connectée à Tahiti
La deuxième rencontre autour de la thématique de la télévision s’est penchée notamment sur la télé connectée en Polynésie française. En métropole, ce système hybride qui lie la télévision et Internet, c’est un téléviseur sur deux. En Polynésie française, on en est aux prémices, principalement pour des raisons de débits insuffisants. Actuellement, il est en effet difficile de proposer des offres qui se déploient largement et la question d’un second câble a encore été abordée lors de la rencontre. Les pionniers comme NiuTV avec son boîtier connecté à Internet et son accès à 400 chaînes de télé, n’est-il pas en avance ?