Musique et danse : partage des cultures, encore et toujours.
Le festival Polynesia propose des rencontres culturelles entre polynésiens à travers des ateliers et master class. Parmi elles : musique et danse.
L’ambiance est folle dans le petit théâtre de la Maison de la Culture. Le groupe néo-zélandais King Kapisi met le feu sur la scène. Pourtant, ils ne sont que deux : Kapisi et sa femme, la première rappeuse de Nouvelle-Zélande. Et le couple a pour seuls instruments de musique une platine de DJ et un ordinateur. Kapisi se lance dans un beatbox effréné qui étonne le public très réactif. L’assemblée est majoritairement composée de collégiens. « On a hâte de découvrir », lancent Margaux, Vaea et Vaitiare, élèves de troisième au collège de Papara. A l’instar de leurs camarades, elles devront présenter un exposé à l’oral du brevet, dont le thème pourrait bien être les King Kapisi. « Faites du bruit avec votre bouche, comme un pet ! », lance amusé le chanteur sur scène. Ce qui fait rire les jeunes élèves se prêtant au jeu avec joie. Tout le monde a sorti son portable. Photos ou vidéos, chacun à sa manière immortalise ce moment.
Une scène enflammée
Avant de se lancer dans des chansons, Kapisi prend le temps de se présenter. « J’ai plusieurs métiers : producteur télé et musique, créateur de vêtement … Je joue sept instruments. Avec ma femme, nous avons fait les premières de Metallica et Black Eyed Peas ». Le public est impressionné. Et il va l’être encore un peu plus lorsque le duo va leur offrir un concert privé… Rap ou Reggae, King Kapisi alterne les genres avec une aisance et un talent certain. « Eh Oh ! Eh Oh ! » lance t-il. Les élèves répondent en cœur, ils sont debout, les strapontins relevés, ils sont surexcités. « C’est génial Madame ! », confie une jeune collégienne. Son voisin Maire, qui découvre le groupe, comme la majorité de l’audience, a lui aussi adoré. Certains curieux, attirés par les cris et la musique, ont rejoint le reste de l’assemblée dans la salle désormais enfumée par les fumigènes. Le petit théâtre s’est transformé en véritable salle de concert. A la demande du public réclamant une nouvelle chanson alors que l’atelier touche à sa fin, King Kapisi enflamme une dernière fois la salle. « N’oubliez jamais votre passion, quoiqu’on vous dise », conclut l’artiste.
Le rythme polynésien
Un peu plus tôt dans la matinée, c’était au tour de Rapa Nui d’offrir une démonstration aux festivaliers. Chanteurs, guitaristes, et danseuses ont envahi la scène du Paepae. Leur rythme endiablé a séduit le public, assis dans la tribune. « Leur musique est enivrante et festive », confie Anne-Laure, 31 ans. La jeune femme connaît déjà la musique pascuane, elle avait envie de les réécouter. A l’inverse, Harrys, 22 ans, découvre. « J’adore le rythme, on sent que ce sont nos cousins ! », explique le jeune homme qui accompagne les élèves du collège de Papara sur le festival. Danseur de ori tahiti, il a reconnu des pas et des gestes similaires à la danse tahitienne. « Les costumes aussi. Je ne pensais pas ! ». Durant une heure, les danseuses de la délégation de Rapa nui ont présenté les spécificités de leur pratique. Ce ne sont pas les seules. En effet, plus tard dans l’après-midi, ce sont les Hawaiiens qui ont fait le show pour les élèves de master class. Dans le Grand Théâtre de la Maison de la Culture, Kumu Micah Kamohoalii apprend à ses apprentis les bases du hula et du kahiko.
Rencontre des cultures
« Utilise ton corps pour raconter ton histoire ». Kumu Micah Kamohoalii, qui appartient à une grande et vieille famille hawaiienne, lance les instructions de son poste. Il est assis sur la scène, dans ses mains, il tient son ipu, instrument traditionnel. « C’est un honneur de danser à ses côtés », confie Taina, 46 ans, passionnée des danses hawaiiennes. « On recherche sa présence, c’est exceptionnel de pouvoir le faire ». Danseuse dans l’âme, la quadra pratique également le ori tahiti. Et, elle voit une différence. « Le hula est plus physique et demande plus de rigueur ». Sur scène, Taiana ne paraît pas souffrir. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Tewai Collins, danseuse maori, avoue avoir eu des difficultés à danser le hula et le kahiko. « C’est tellement différent de notre danse. Les bases sont opposées ! », raconte la jeune femme de 31 ans qui est plus fascinée par la danse marquisienne. « Cela ressemble plus à la notre ». Si la maori est revenue s’asseoir dans les gradins du Grand Théâtre, les autres élèves sont restées sur scène. Grâce aux explications de Kumu sur les gestes mais aussi les paroles, elles offrent un spectacle final de toute beauté. « C’est magnifique ! », lance en français avec un léger accent, Kumu Micah Kamohoalii. Ce jour-là, la rencontre des cultures a bien eu lieu.
Rendez-vous tous les jours pour découvrir les différents ateliers, master class et conférences du festival Polynesia.