NUIT DE LA FICTION
La septième édition du FIFO a créé hier soir la nouveauté en ouvrant les portes du grand théâtre de la Maison de la Culture pour une « Nuit de la Fiction ». Cette projection a fait la part belle à huit réalisations (7 courts-métrages, d’Hawaï, d’Australie, de Nouvelle-Zélande et de Polynésie française et un long-métrage français), retenues parmi une soixantaine de films dont quatre longs métrages.
Michèle De Chazeaux, du comité de sélection des films, salue l’initiative qui permet « d’ouvrir une porte à la créativité individuelle et favorise un mode d’expression qui sera plus personnel. L’imagination est sans doute moins cloisonnée, moins encadrée par les règles que le documentaire impose. ». Bien sûr, la réalisation technique et la qualité de l’exercice de style du scénario ont été récompensées mais le sentiment a été le maître mot. « Dans l’ensemble, cette cuvée n’est pas très joyeuse, précise Michèle, mais quand l’impact affectif était fort, la beauté a su compenser le pathétique ».
« Chief », de Brett Wagner, raconte la vie de Semu Fatutoa aux Samoa qui s’est forcé à oublier sa vie passée pour faire face à la perte de sa fille. « One for sorrow », de Virginie Tetoofa, dessine à la craie la douleur de la perte d’un être aimé sur un jeu de marelle. « Taua – War Party », de Tarepa Kahi, fait rejaillir servitude Vs ingratitude en temps de guerre. « Ma’ohi Touch », une production Beau Geste, filme des images équivoques sur l’air de « Rape me » de Nirvana et « O Tamaiti » de Sima Urale s’enlève la couleur pour décupler les rires des enfants autant que la tristesse de leurs regards. Deux réalisations plus légères ont permis d’équilibrer la balance émotive. L’épisode « Alerte à Papara » de la série Vidados @ Tahiti a su tourner en dérision le désir amoureux en évoquant le légendaire « Alerte à Malibu » et enfin « Boxer » a mis en images l’humour absurde d’une fine équipe australienne.
En deuxième partie de soirée, la projection en avant-première du film « Une lubie de Monsieur Fortune », tourné à Tahiti et Moorea, aura, elle, misé sur l’importance de rappeler la barbarie passée, pour mieux s’en excuser. De ces prêcheurs qui veulent sauver « les sauvages du pêché », on retire une belle leçon d’humilité. Et finalement, tel est pris qui croyait prendre. Les avis à la sortie sont plutôt complaisants : « c’est un beau film, qui nous fait découvrir notre culture et nous permet de voir de quelle manière on a été colonisé en quelque sorte », résume un jeune polynésien. Une réalisation qui soulève à nouveau la valeur du respect de la différence de l’autre.