Pitch dating : 8 minutes pour convaincre
Les participants ont 8 mn pour convaincre un producteur, un diffuseur, un distributeur de croire en leurs projets, en leurs idées. Cette rencontre minutée est une véritable opportunité pour les pitcheurs comme pour les professionnels du milieu. Reportage.
« Alors, en fait, c’est une série avec des scènes de vie typiquement polynésienne… ». Sous le grand chapiteau du FIFO, assis sur la chaise de l’une des six tables du pitch dating, Michaël et Nelly présentent leur projet à Luc de Saint-Sernin, directeur de la coordination des antennes Outres-mers 1ère. Comme tous les autres pitcheurs, ils ont 8 mn, et pas une de plus, pour présenter leur œuvre au professionnel et, surtout, le convaincre. « Votre idée est bonne mais il faut écrire une note d’intention d’une dizaine de pages. Vous devez donner le sentiment que vous avez déjà bien travaillé. Il faut nous donner l’envie de vous suivre… » . Michaël et Nelly écoutent attentivement les conseils de Luc de Saint-Sernin, ils sont là pour cela. « Nous voulons apprendre », affirment t-ils. Apprendre et se faire connaître des producteurs, distributeurs, diffuseurs … C’est l’un des objectifs de cette rencontre interactive.
Des rencontres, des échanges, un apprentissage
Gong. Le temps réglementaire est écoulé. Comme dans un combat de boxe, on passe à un autre round, à une autre table. Sur celle-ci, on retrouve Didier, 48 ans. L’homme vient parler d’un projet éducatif avec des enfants : apprendre la navigation aux étoiles et en pirogue à voile. Il recherche des financements. « C’est vraiment très bien, mais ce n’est pas avec moi qu’il faut voir, lui explique la productrice de Creativ.Tv. Je te conseille d’abord de voir un producteur, puis un réalisateur ». Pour Didier, c’est une aubaine cet événement, il repart de ses entretiens avec des contacts, et des contacts intéressés. « Ca nous aide vraiment ». Maruki, 26 ans, a lui aussi beaucoup appris de ces rencontres avec les professionnels. « Parfois, j’ai pris des claques », s’amuse le jeune homme tout en admettant qu’elles étaient nécessaires pour faire avancer son projet. « Maintenant je vois ce que les chaînes peuvent attendre, et donc ce que je dois faire ou pas ». Karim, 39 ans, qui fait une petite pause entre deux rounds, est lui aussi satisfait de son expérience de pitch dating. « Cela fonctionne car j’ai obtenu un rendez-vous pour la semaine ! ». Le trentenaire n’est pas le seul. Un certain nombre de pitcheurs, jeunes ou moins jeunes, sont repartis avec des cartes, des rendez-vous, de simples encouragements ou un début de collaboration…
A la recherche de la pépite …
Le pitch dating de ce 3 février semble avoir tellement captivé les uns comme les autres qu’à chaque intervention micro de l’organisatrice, pour rappeler le timing ou simplement informer, elle est gentiment reprise d’un « chut » général… aussi bien du coté des pitcheurs que des professionnels du milieu. Car, le pitch dating ne profite pas seulement aux candidats mais aussi aux spécialistes. Ils sont une dizaine cette année à y participer. « On est en dehors des sentiers habituels, nous avons des gens qui viennent alors que d’habitude ils n’oseraient pas nous contacter. Et on trouve de très belles histoires ! ». Benjamin Picard, producteur connu du fenua, n’hésite pas à le dire : « le pitch dating nous permet d’être à la genèse d’un projet, de détecter la pépite ». Ce qui est déjà arrivé puisque certaines propositions ont abouti, et ont même remporté des prix au FIFO ou ailleurs. Le producteur estime que leur rôle est d’apporter l’expérience en plus aux pitcheurs, ainsi que de la pédagogie, même s’il faut parfois brusquer un peu le candidat. « On a 8 mn pour les écouter, donc souvent on leur demande d’aller à l’essentiel. Ce n’est pas toujours facile pour eux mais c’est comme cela qu’on avance. »
Le pitch dating, un tremplin
Finalement grâce à ce moment de rencontre et d’échanges, les pitcheurs font en l’espace d’1h30 ce qu’ils passeraient des mois à faire. « Ce moment est très important. Beaucoup de projets naissent du pitch dating » explique Eliane Koller, l’organisatrice, qui a par ailleurs remporté un prix au FIFO avec un documentaire qu’elle avait pitché. « A la fin de cette session, un des diffuseurs est venu me voir pour me dire qu’il avait vu de supers projets, qu’il avait pris des contacts. Je lui ai demandé de me tenir au courant ! ». Eliane souhaite suivre ses pitcheurs, savoir si des projets verront le jour, comme pour elle il y a quelques années. Elle demandera d’ailleurs la même chose à deux jeunes réalisateurs ayant proposé un projet sur le voyage en Nouvelle-Zélande des élèves du Centre des Métiers d’Art de Tahiti au 4ème Putahi, un échange culturel entre artistes du Pacifique. « Merci, vraiment ! Il y a des personnes qui ont été intéressées, C’est super pour nous ! ». Maruia et Are sont enchantés de leur expérience de pitch dating, de quoi ravir Eliane. « Je suis contente car, depuis l’année dernière, suite à une baisse de financement, nous avons dû changer de format. Mais, malgré tout, le pitch dating a survécu, et cela fonctionne toujours autant voir plus ! » Véritable opportunité, le pitch dating a su franchir les épreuves pour s’imposer et devenir un évènement incontournable du FIFO.