Rencontres numériques : « Travailler, s’éduquer, se déplacer, merci la mobilité numérique ? »
Le débat aux 4e rencontres numériques portait sur le sujet suivant : « Travailler, s’éduquer, se déplacer, merci la mobilité numérique ? »
Bernard Benhamou, délégué aux usages de l’Internet, se retrouvait finalement seul intervenant, avec néanmoins l’aide au pied levé de Marcel Desvergne, figure incontournable de ces journées.
L’Internet, fixe encore il y a peu, accompagne de plus en plus la vie des gens avec l’explosion de la mobilité. Plus aucune activité, plus un moment de vie n’est désormais hors d’atteinte de la Toile. La géo localisation, qui permet aussi de mesurer la vitesse de déplacement de l’usager, ouvre le développement de services pratiques dont les gens ne veulent plus se passer. Savoir à quelle heure va passer le prochain bus pour ne pas avoir à l’attendre trop longtemps au bord de route, quelle amélioration de la qualité de vie ! Le niveau de simplicité d’usage du mobile le met à la portée de catégories de personnes qui restaient éloignées de l’ordinateur fixe tel que les séniors. Mais il faut rester vigilant. Pour garantir le respect de la vie privée de tout un chacun, les Etats ou les consommateurs eux-mêmes doivent lutter contre l’utilisation abusive des informations récoltées par les sociétés. D’autant que leur collecte se fait parfois à l’insu de l’utilisateur.
L’industrie numérique est la seule industrie dont la croissance est supérieure à 10%. Le tourisme, pour prendre un exemple, sera obligatoirement accompagné par l’Internet mobile. Pour développer des applications pertinentes l’expertise locale sera prépondérante. Cela permet de créer des emplois non ou peu délocalisables. C’est une opportunité pour la Polynésie française. L’Europe également doit créer un environnement favorable pour garder ses talents actuellement captés par des sociétés américaines. Le modèle du bunker ne sera jamais gagnant. Il faut miser sur la créativité.
Mais le citoyen numérique est préoccupé par le risque de fracture de sa personnalité. Cette question est très importante. Pour l’essentiel l’équilibre se forme de lui-même car la crise de confiance des consommateurs peut mettre en péril tout le secteur. Alors les sociétés restent sur le point d’équilibre. Il demeure un risque néanmoins. Le délégué prône la simplicité d’usage des fonctions permettant de se déconnecter, un droit au silence des puces. Le citoyen doit garder le contrôle et les Etats doivent lui en garantir les moyens.
La solution ne se trouve pas dans un refus de ces évolutions, ni dans la production de lois tatillonnes, d’autant que leur processus d’élaboration et d’adoption se situe dans un laps de temps bien trop long par rapport à la vitesse d’évolution du monde numérique.
Quelques paramètres bien posés permettent de border les risques. Par exemple, le système européen de « Opt-in », consiste à demander l’autorisation d’un usager pour disposer de ses informations, alors que le système américain de « Opt-out » suppose que l’usager doit faire la démarche de refuser cette utilisation. De plus en plus de voix, y compris d’économistes de tendance très libérale, s’élèvent pour exiger l’extension mondiale du « Opt-in ».
La mobilité d’Internet permet aussi le déploiement de l’intelligence collective. Les données arrivent en masse et cela permet de nouveaux outils comme l’alerte sismique. Facebook est devenue populaire en Polynésie française au moment de la dernière alerte cyclonique. Sur le site www.proximamobile.fr, le portail de services aux citoyens, vous pouvez consulter la rubrique « mobile et situation d’urgence ». C’est un dossier qui pourrait être source d’inspiration pour la Polynésie.
En conclusion, Michel Paoletti soulignera que l’on ne sort jamais l’esprit tranquille de ces débats. La définition d’une politique publique s’impose, sous le regard vigilant du citoyen.