Sélection Pacific Islands : Vanuatu, le symbole de l’urgence climatique
Films hors compétition
★ Vanuatu, le symbole de l’urgence climatique – Réalisé par Pierre Belet (France, 52 minutes, 2015)
Ce documentaire présente une approche globale de la gestion de crise mise en place après le passage du cyclone Pam au Vanuatu en 2015. Plusieurs spécialistes (vulcanologue, biologiste, ingénieur agronome…) et acteurs de la reconstruction (bénévoles, humanitaires…) des zones sinistrées font pénétrer le spectateur au coeur de l’action et des mesures d’urgence nécessaires face aux conséquences dramatiques engendrées par le cyclone, particulièrement sur l’île de Tanna.
D’abord lors de la remise en état de fonctionnement de la station de surveillance de l’activité sismique du volcan en activité, qui a été totalement dévastée. De par la situation spécifique des îles situées entre deux plaques tectoniques, les risques d’éruption s’ajoutent aux risques sismiques permanents. Phénomènes auxquels se rajoutent les dangers liés au changement climatique, en particulier les cyclones, violents dans cette zone du Pacifique. Puis à travers le constat des conséquences sur les récifs coralliens, mis en péril par le réchauffement de la température de la mer, facteur de prolifération des incantastères (étoiles de mer qui s’attaquent au corail). Tandis que le niveau de la mer continu d’augmenter de 1 centimètre par an. Également, l’impact sur l’activité touristique, comme l’analyse un guide touristique dont les circuits de randonnées ont été dévastés par les chutes d’arbres. Puis une mission de la Croix Rouge qui se déploie pour proposer des kits de première urgence à la population sinistrée, la distribution d’ustensiles de base et une aide à la reconstruction des maisons rurales dans la brousse. Enfin, un ingénieur agricole travaille à l’élaboration de variétés hybrides de légumes « anti-cyclone », dont la patate douce, en réduisant au maximum le développement des plantes afin de réduire leur prise au vent.
La nécessité de s’adapter pour faire face aux aléas naturels implique d’améliorer l’anticipation des risques potentiels futurs et de leurs conséquences immédiates : pénuries alimentaires, sinistres divers, risques sanitaires… Dans ce contexte, les ressources alimentaires occupent une place cruciale. Les autorités ont d’ailleurs créé un Ministère du changement climatique à cet effet, initiative soulignée par le rapport des Nations Unies rappelant le statut fragile du Vanuatu face aux nombreuses problématiques liées au changement climatique, qui annonce des bouleversements majeurs en Océanie. L’inquiétude accompagne également cette prise de conscience, notamment face à l’incapacité de trouver des solutions durables.
Avis du public
Lucie Soullière – Une première au FIFO
On prend vraiment conscience des dégâts provoqués, malgré la situation particulière du Vanuatu, mais qui rappelle bien l’inquiétude que provoque un tel bouleversement climatique. Le choix des images est cohérent, même si l’on aurait voulu avoir plus de témoignages d’habitants ! Le manque de solution est aussi un triste constat, il faut poursuivre la sensibilisation.
Philippe Boneels – Une première au FIFO
J’étais justement au Vanuatu deux mois après le cyclone dans le cadre d’un tour du monde, et ce qui est très bien retranscrit dans le documentaire, c’est cette richesse humaine que préserve la population malgré les sinistres endurés. Elle reste très autonomes dans le processus de reconstruction et sollicite peu l’aide humanitaire. Ce qui renforce d’autant plus l’humilité de ces personnes, et peut-être leur plus forte connexion à la nature dans une telle situation. Le fait d’avoir autant d’avis d’experts vient compléter cette expérience !
★ Ciné des toiles d’étoiles – Réalisé par K. Fetuuaho, T. Taofinuu et A. Taitusi (Wallis et Futuna, 13 minutes, 2015)
Ce court métrage présente l’initiative inédite à Wallis et Futuna de mettre en place un cinéma en plein air, itinérant de commune en commune, et gratuit pour tous. Un projet culturel de proximité, qui permet d’introduire le cinéma auprès d’un public peu habitué à ce genre de manifestation : l’écran géant se gonfle peu à peu sous les yeux du public enthousiaste, qui rassemble toutes les générations autour d’un moment souvent convivial. La réussite de ce projet se constate par la hausse de fréquentation permanente des séances proposées.
Avis du public
Justine Blanchard
Le titre colle bien au documentaire ! C’est un beau sujet, sur un concept original qui permet de ressembler des gens, ça donne envie !
★ Poe rava, la saga polynésienne – Réalisé par Philippe Fréling (France, 52 minutes, 2014)
Traditionnellement en Polynésie, l’huître était surtout recherchée pour des usages pratiques, esthétiques et sacrés : la perle fine restait ornementale, tandis que la nacre était sculptée, gravée et transformée lors d’un travail minutieux. Symboliquement, elle représente le berceau de l’univers, lieu de gestation et matrice de la fécondité. C’est à partir du contact avec les premiers explorateurs que la nacre va gagner en intérêt auprès du public européen, les femmes en particulier. C’est dans l’archipel des Gambier que se développent les premières exploitations de nacres et de perles « rustiques », encouragées par l’organisation d’échanges maritimes régionaux et internationaux à partir de 1815. L’activité perlière reste toutefois résiduelle, loin de l’actuelle réalité.
Mais rapidement, la raréfaction des nacres dans les lagons des îles de l’archipel des Gambier, puis des Tuamotu, amène les autorités locales à s’inquiéter du phénomène. En 1957, Jean-Marie Domard, vétérinaire, spécialiste en biologie marine et en ostréiculture, est missionné pour permettre le repeuplement des lagons polynésiens en huîtres perlières. Une démarche personnelle l’amène à rencontrer au Japon Monsieur Mikimoto, fleuron de la perliculture mondiale pour être parvenu à obtenir des perles totalement sphériques suite à une greffe. En 1961, c’est un autre greffeur japonais, M. Muroi, qui relèvera le défi de greffer les premières huîtres polynésiennes sur l’île de Hikueru, tout en maintenant secrètes les techniques de greffage. En 1962 sont présentées au public ébahi les premières perles de culture polynésiennes ! Rapidement expertisées puis labellisées, les perles noires polynésiennes gagnent en notoriété et vont peu à peu susciter l’intérêt de nombreux producteurs, qui ont su acquérir la technique de greffage et se développer de manière autonome. Ces entrepreneurs et hommes d’affaires ont grandement contribué à l’essor du secteur depuis près de 40 ans : Robert Wan et sa ferme à Rikitea ; la famille Rosenthal et son exploitation à Manihi ; Jean-Claude Brouillet, Bill Reed… mais dans cette saga polynésienne, tous n’ont pas su tirer leur épingle du jeu au cours de l’épopée de la perle, Poe rava.
Avis du public
Céline – Enseignante à l’UPF
Très intéressant d’avoir présenté tout l’historique autour de la perliculture, surtout dans une perspective différente de celles traitées d’ordinaire. Revenir sur les étapes en amont qui ont permis de développer ce secteur m’a semblé pertinent. À recommander !