Stuart Page : « Pauly a crée un melting pot musical »
Stuart Page est le réalisateur de How Bizarre. Ce documentaire fait le portrait d’un artiste, Paul Fuemana, et d’un groupe OMC, qui ont fait leur succès sur un tube international avant de connaître la faillite. Ce mercredi 8 février, c’est l’anniversaire de celui qu’on appelait Pauly. Il aurait eu 48 ans. Stuart Page nous parle du personnage et de son film. Interview.
Comment vous est venue l’idée de ce documentaire ?
C’est un bon ami à moi, Fred Renata, qui me l’a proposée. Il est producteur et connaissait Paul Fuemana, chanteur de OMC. Il connaît aussi mon précédent documentaire sur l’artiste Shustak. J’ai toujours eu beaucoup de respect et d’intérêt pour les artistes. J’avais essayé de construire le film à l’image de la personnalité. Fred Renata savait que je pouvais faire la même chose avec Paule Fuemana, dit Pauly. Si on a mis un an à faire le film, on a parlé du sujet durant cinq ans, car je connaissais peu le personnage et il est complexe. Pauly est un artiste complet, il chante, écrit de la musique, peint… Je suis moi-même un musicien, je me suis intéressé à la musique des années 82 et aux débuts du hip hop. Dans ce film, je me suis attaché uniquement à l’artiste, et non à l’argent, comme l’ont fait les médias.
L’image de cet artiste, et du groupe, a été ternie par les médias. A t-il donc été difficile de tourner ce film ?
Oui. Les médias ont beaucoup parlé des problèmes d’argent, de la fortune qu’ils ont gagné, puis de la banqueroute. Et, quand il s’agit d’argent, il y a toujours des vautours. Lorsque j’ai commencé à évoquer ce film, j’ai dû me méfier des opportunistes. Et moi, ce qui m’intéressait c’était l’alchimie du groupe et encore une fois, la personnalité de Pauly. Les gens qui ont vu le film ont découvert l’homme. Avant, ils ne connaissaient que l’image donnée par les médias qui parlaient de Pauly comme d’un gangster, vivant sur une richesse faite sur une chanson. Quand il est mort, les médias ont même suggéré que son décès aurait été dû à la drogue ou au sida. Sans avoir même consulté sa femme.
Vous avez fait un documentaire sur un artiste décédé. Cela a t-il été compliqué de trouver les images ?
C’était un vrai challenge. Pauly était très prolifique en tant que réalisateur. Il était l’un des premiers à utiliser un appareil digital, il se filmait lui-même. C’était un grand collectionneur, plutôt compulsif. A son décès, sa femme a déménagé et s’est débarrassée de ses affaires. Mon ami et producteur, Fred Renata, a récupéré les des peintures de Pauly directement dans les bennes à ordures. Sa femme, Kirstine nous a donnés accès à ses photos et à ses écrits, mais aussi 30 cassettes DV, de lui. Ses frères et sœurs n’ont pas été consultés car il y a des fractures dans cette famille. Pour l’anecdote, la fille de Pauly a retrouvé sa grand-mère, avec qui il était en froid, sur un site de tricot.
Ce groupe et ce chanteur ont-ils eu une influence sur le milieu musical en Nouvelle-Zélande ?
Pauly était un artiste qui s’était détaché du hip hop américain pour se tourner vers le mouvement artistique Urban Pasifik qui a un aspect plus acoustique. Il était même allé plus loin, il a mélangé le hip hop avec cet univers, en ajoutant des couleurs locales et son univers avec du jazz et de la pop. Il a véritablement crée un melting pot musical. Vous savez, Pauly était une personne très déterminée, et qui ne changeait pas d’avis. Il était un grand ambassadeur de l’individualité. C’est plus incroyable d’être un créateur et sûr de lui, que de copier les autres.
Qu’est ce que vous retenez de cet homme ?
C’est une personne qui était très aimante avec sa famille. Il a eu six enfants, deux filles et quatre garçons. Il leur manque beaucoup aujourd’hui.