TE FARE TAUHITI NUI – MAISON DE LA CULTURE : 1971 – 2021
L’année 2021 a marqué les 50 ans de l’Établissement, une célébration de son histoire, de notre culture et de tous ces moments de partage qui ont fait vibrer le cœur et l’âme des Polynésiens
Un demi-siècle d’histoire
Lancé au début des années 1960 par André MALRAUX, alors Ministre des affaires culturelles, le concept de « Maison de la Culture » a pour objet d’offrir à tous ceux qui le souhaitent un accès direct et aisé à la culture. Fondée sur le principe de l’association – loi 1901, la première voit le jour en France en 1964 à Bourges. Quelques années plus tard, apparaît à Papeete la Maison des Jeunes – Maison de la Culture (MJMC).
Les travaux de la Maison des jeunes et de la Culture débutent en 1967 sous la direction d’Alban ELLACOTT, alors Directeur de l’équipement. Cette structure devait s’implanter face à la base marine, cependant le maire de Papeete, Robert PAMBRUN, s’y opposé, elle est finalement installée près du quartier Paofa’i où un remblai créé par l’état permettait d’accueillir les bâtiments. Près de trois ans après, la Maison des Jeunes – Maison de la Culture voit le jour, le 29 juin 1970. Les locaux de la MJMC sont inaugurés en présence du Gouverneur Pierre ANGELI, chef du Gouvernement.
Avec comme premier statut celui d’une association loi 1901, la direction de l’association Maison des Jeunes, Maison de la Culture de Polynésie française est confiée à un premier conseil d’administration composé de personnalités éminentes de la société polynésienne :
- Alban ELLACOT, président de la Fédération des Œuvres Laïques (FOL) ;
- Jacques (Denis) DROLLET directeur de l’École publique d’application ;
- Napoléon SPITZ, président de la FFOJEP ;
- Nédo SALMON, président de l’Union Chrétienne des Jeunes Gens (UCJG) ;
- Joël ALLAIN, volontaire à l’aide technique à l’Office du tourisme ;
- Lysis LAVIGNE, président de la Fédération Générale des Sociétés Sportives (FGSS)
- Jean JUVENTIN, membre du conseil du gouvernement ;
- Georges PAMBRUN, maire de Papeete
Alors cofinancée par les Ministères français des affaires culturelles, de la jeunesse et des sports, des départements et territoires d’Outre-mer et le territoire de la Polynésie française, cette toute jeune association a alors pour objectif la mise à disposition de foyers, de salles de jeux, de cours, de réunions et de spectacles dont elle assume la gestion, le contrôle et l’animation aux fins d’offrir des activités récréatives, éducatives et artistiques. La Maison de la culture s’appuie sur des animateurs dont elle procède au recrutement et à la formation.
Créée, construite et inaugurée, mais un début d’activité plus d’un an plus tard.
C’est de manière très progressive que la Maison des Jeunes et de la Culture va commencer à fonctionner. Dans un premier temps, le conseil d’administration va définir le programme d’activités générales de la MJMC, qu’il ajustera selon les besoins formulés par les jeunes. Les grandes lignes sur lesquelles le premier conseil d’administration se base sont :
- La valorisation du patrimoine culturel polynésien et le développement d’une expression contemporaine locale ;
- La mise en place d’activités liées aux objectifs du développement territorial ;
- La formation d’animateurs culturels ;
Dans cette perspective, trois possibilités s’offraient aux membres du conseil d’administration :
- Mettre les locaux à la disposition d’organismes divers, mais les locaux disponibles ne suffiraient pas et seuls les organismes de Tahiti pouvant en bénéficier, la MJMC perdrait sa vocation territoriale ;
- Organiser une Maison des Jeunes traditionnelle avec des jeux, des activités artistiques et de la promotion professionnelle, un projet qui tendrait vers le rôle d’une Maison des Jeunes de quartier ;
- Faire de cette structure un centre de formation, d’information et d’exposition.
Au cours de l’année 1971, la solution est trouvée, ce sera un compromis entre la Maison des jeunes traditionnelle et le centre de formation. Le Directeur, Jean LAURENT, est chargé de mener à bien les missions de l’association. Conseiller technique et pédagogique au Secrétariat d’État de la Jeunesse et des sports, il avait dirigé pendant quatre années à Madagascar un centre culturel combinant à la fois une Maison des Jeunes et un Centre Culturel, avant son arrivée à Tahiti.
Après avoir longuement cherché sa voie, la Maison des Jeunes – Maison de la Culture se lance, ouvre ses portes à la population et entame une belle et riche aventure jusqu’à l’anniversaire de ses 50 ans cette année, et pour de nombreuses années encore.
Cette période de réflexion et d’évolutions, de 1967 à 1971, illustre bien un propos d’André MALRAUX, qui répondait, lorsqu’on lui demandait sa définition de la Culture : « Nous ne savons pas ce que c’est, mais nous le cherchons ensemble. » Une conception toujours d’actualité, que le travail des équipes de Te Fare Tauhiti Nui concrétise un peu plus chaque jour.
Par la suite, plusieurs événements marquants viennent écrire l’histoire de la MJMC :
- Le 10 janvier 1972, les deux bibliothèques de la structure ouvrent leurs portes à la population, avec l’acquisition de près de 10 000 livres. Les bibliothèques recensent en février 1972, fortes de leur succès, quelques 2 460 adhérents, 660 adultes et 800 enfants. L’action des bibliothèques sera renforcée par la mise en œuvre de Bibliobus qui se déplaçaient dans les districts. Do CARLSON est la responsable des deux bibliothèques, des bibliothèques scolaires et la cinémathèque.
- Le samedi 13 octobre 1973, la MJMC inaugure son Grand Théâtre. Alban ELLACOTT déclarera ce jour là : “Voici donc un théâtre, lieu de jeu pour les acteurs et de représentation pour nous tous. Vous y viendrez pour voir et pour entendre”.
- En janvier 1974, Henri HIRO intègre la structure, recruté par Alban ELLACOTT sous l’influence des membres de la Fédération des Œuvres Laïques (FOL). Jean LAURENT, Directeur, publie un mensuel. Au 6e numéro, Henri HIRO devient en septembre 1974, le rédacteur en chef de ce mensuel. Il va signer plusieurs articles qui rapidement témoignent de son futur engagement. Ainsi, le mensuel de janvier 1975 s’intitule l’amnésie culturelle.
- Le 13 janvier 1975, Jean LAURENT est remplacé par Marie-Claire VALÈNE. La feuille de route de la nouvelle directrice est de défendre et d’illustrer les langues et les civilisations tant françaises que polynésiennes et de former des animateurs polynésiens pour prendre en main le devenir culturel de la MJMC.
- Henri HIRO entre rapidement en conflit avec la politique culturelle de Marie-Claire VALENE, puis début 1975, il est éloigné de Tahiti par Alban ELLACOTT qui l’envoie en France suivre quelques treize stages dans différents organismes. Henri HIRO s’initie notamment au cinéma. A son retour à Tahiti, en septembre 1975, Henri HIRO est nommé Directeur de la Maison des Jeunes de Pira’e, mais son engagement politique dans les rangs du parti nouvellement créé Ia mana te nuna’a, fondé en novembre 1975 entraine sa révocation en décembre 1975 par le maire de Pira’e. Le 11 décembre 1975, Henri Hiro réintègre la maison de la culture de Paofa’i. Le conseil d’administration qui lui est favorable appuie son programme de valorisation de la culture polynésienne.
- Fin 1976, le contrat de Marie-Claire VALÈNE n’est pas renouvelé et Henri HIRO est nommé directeur par intérim en attendant une nomination qui arrivera une année plus tard, le 13 septembre 1977. Henri HIRO va alors marquer vivement l’histoire culturelle locale en initiant un véritable renouveau – voire une renaissance – des valeurs et de l’art polynésiens en littérature et théâtre notamment.
La MJMC devient l’Office Territorial d’Action Culturelle, le fameux OTAC, avant d’évoluer en 1998 vers le Te Fare Tauhiti Nui – Maison de la Culture (TFTN) d’aujourd’hui.
La Polynésie française est désormais compétente pour régir le domaine culturel. Le 23 septembre 1980, sous l’égide du conseiller Maco TEVANE, l’association est dissoute pour devenir un établissement public administratif qui prend le nom d’Office Territorial d’Action Culturelle (OTAC), un nom dont elle a bien du mal à se défaire aujourd’hui ! L’établissement est désormais administré par un conseil d’administration sous l’autorité du conseil du gouvernement. Cette nouvelle organisation statutaire va entrainer la démission d’Alban ELLACOTT du conseil d’administration.
Le 1er janvier 1981, Geffry SALMON est nommé secrétaire général de l’OTAC. Par la suite, Francis STEIN puis Gérard COWAN prendront la tête de la Direction de l’Établissement. L’OTAC gère alors l’ensemble des manifestations culturelles de la Polynésie française, de la pirogue à voile aux spectacles du Heiva, en passant par la création de nombreuses pièces de Théâtre, de spectacles de marionnettes ou encore de projections de films.
Le 09 avril 1998, l’OTAC change de statut et devient Te Fare Tauhiti Nui – Maison de la Culture. Jean-Marc PAMBRUN succède à Gérard COWAN au poste de Directeur. Les rênes du Fare Tauhiti Nui sont ensuite mises entre les mains de Georges ESTALL, avant que Heremoana MAAMAATUAIAHUTAPU, actuel Ministre de la Culture ne prenne la direction de l’Établissement de 2002 à 2014, Hinatea ARIIOTIMA-AHNNE jusqu’en octobre 2020 et enfin Yann TEAGAI depuis le 1er novembre 2020.
Les missions de TFTN sont claires : l’animation et la diffusion de la culture en Polynésie française, en favorisant les activités et les créations artistiques sous toutes ses formes, ainsi que l’organisation et la promotion des manifestations populaires dont en particulier la culture mā’ohi, sur le plan local, national et international.
En 2008, suite à la dissolution de l’EPIC Heiva Nui, TFTN reprend l’organisation du Heiva I Tahiti et devient gestionnaire de l’espace de To’atā et prend donc la responsabilité de l’événement culturel le plus important de Polynésie.
La Maison de la Culture fonctionne selon deux secteurs qui rythment les jours et les nuits de l’établissement : en journée principalement, le secteur des activités permanentes, en charge des bibliothèques, du cyberespace, de la salle d’exposition et des cours et ateliers, organise le temps, tandis que les soirées reviennent essentiellement à la production et à la régie technique qui s’organisent autour de quatre salles de spectacle : To’atā, le Grand Théâtre, le Petit Théâtre et le Pae Pae a Hiro (en hommage à Henri HIRO, décédé à l’âge de 46 ans, le 10 mars 1990 à Huahine).
Grâce au travaille de ces deux pôles d’activités Te Fare Tauhiti Nui – Maison de la Culture propose, en plus de la mise à disposition des bibliothèques et du cyberespace, des expositions temporaires et des cours et ateliers pour enfant ou adulte proposés tout au long de l’année et de nombreuses manifestations qui rythment la vie culturelle du Pays telles que : la Nuit de la Lecture, le FIFO, le Heiva Taure’a, le Heiva i Tahiti, le Heiva des Écoles, le Heiva Tārava, le Salon du Livre, les rendez-vous Cinématamua, le Hura Tapairu ou encore le Festival du ‘Ukulele et le Festival Polynesia selon les années.
Au travers de ses espaces de spectacles, l’Établissement accompagne également plus d’une cinquantaine de producteurs dans la mise en œuvre de leurs évènements.
Aussi, Te Fare Tauhiti Nui – Maison de la Culture a initié une politique d’édition des textes des auteurs du Heiva depuis 2017. Entièrement bilingues (reo tahiti et français), ces ouvrages ont pour objectif premier de valoriser nos auteurs du Heiva, la richesse et la beauté de leurs textes. Au-delà, l’idée est de contribuer à la transmission des savoirs, et au travers de dons au Ministère de l’Éducation, de permettre aux enseignants en reo d’élargir le champ des textes en langues vernaculaires à leur disposition et les thématiques abordées en cours.
Enfin, depuis le début d’année 2020, l’Établissement tend vers le numérique. Nous souhaitons démocratiser l’accès à la culture et faciliter l’expérience usager afin d’offrir un service complet. Pour cela, nous avons réalisé une refonte de notre site internet qui va être accompagné d’une application mobile. Un projet de plateforme de streaming de contenus culturelles à également vus le jour et est en plein essor. Une multitude de projets sont donc en développement afin de proposer une offre culturelle riche sous format numérique.
Un logo pour célébrer cet anniversaire
La création d’une identité visuelle pour les 50 ans de l’Établissement sonnait comme une évidence afin de marquer un demi siècle d’aventures culturelles mais également pour souhaiter à tous de vivre 50 prochaines années avec autant d’amour pour la Culture.
La réalisation du logo par le service communication de l’Établissement fait suite à une participation de tous les agents du service. En effet, la Direction a souhaité solliciter les 89 agents de la Maison de la Culture en leur demandant de proposer leur vision, des idées ou des croquis. Après avoir rassemblé l’ensemble des propositions, un vote en interne a été effectué en début d’année 2021 pour retirer l’une des propositions.
Ce logo des 50 ans a été utilisé tout au long de l’année pour labelliser l’ensemble des événements organisés par et en coréalisation avec TFTN.
Lorsqu’un couple célèbre ses 50 ans de mariage, on parle de noces d’or. C’est pourquoi, le logo des 50 ans de la Maison de la Culture comprenait une déclinaison de couleur or afin de célébrer une union de longue date avec la culture. Les noces d’or sont l’occasion de regarder le long chemin parcouru, de se remémorer les plus beaux souvenirs et de se féliciter d’avoir su garder la flamme !
Pour l’anniversaire des 50 ans de l’Établissement, plusieurs beaux projets ont vu le jour :
La BD des 50 ans de la Maison de la Culture
L’exposition virtuelle d’une partie du fond d’œuvre de la Maison de la Culture