Voyage entre deux mondes
Samedi 3 février, le public est venu nombreux pour assister à la première soirée du FIFO, la 9ième Nuit de la fiction. Une soirée OFF au cours de laquelle 14 courts-métrage de fiction ont été projetés au Grand Théâtre.
Rires, larmes, chuchotements, interrogations … Samedi soir, l’émotion était palpable dans la salle du Grand Théâtre de la Maison de la Culture. Le public, venu en nombre, n’est pas sorti indemne de cette première soirée OFF du FIFO. « J’ai passé la majorité du temps à pleurer, confie Léa, 16 ans, encore émue par les films qu’elle vient de voir. Il y avait de très beau courts-métrages mais c’était souvent triste ». Sur les 14 courts-métrages projetés, près de la moitié revenait sur le thème de la mort. La perte d’une mère, d’un enfant ou d’un ami, la longue maladie, la solitude, la tristesse… « Les sujets étaient touchants, ils font réfléchir. Tu vois la vie différemment quand tu sors de la projection, tu te dis que tu dois profiter de ton vivant », explique Soline, venue avec ses amis pour cette soirée OFF. Cette lycéenne de 16 ans a été bouleversée par Tama, réalisation néo-zélandaise, où il est question de violences familiales sur fond d’alcool et de désespoir lié à la perte d’une maman et d’une femme.
Le lien entre le visible et l’invisible
Feti’a, production polynésienne, a aussi beaucoup marqué les esprits. Ce court-métrage raconte l’histoire d’une jeune fille, atteinte d’une maladie incurable. Son temps est compté, elle décide alors de partir camper et de se retrouver dans et avec la nature. Elle rencontre un jeune homme englué dans l’alcool, qui est en fait mort dans un accident de voiture, mais qui lui redonne espoir. Celui de vivre. « On est baigné dans une réalité avec des vivants mais qui sont aussi des morts. On ressent ce lien omniprésent entre le visible et l’invisible », confie Marilyne, assisse sur le strapontin du Grand Théâtre. La soirée est terminée, la quinquagénaire est l’une des dernières à rester dans la salle, elle est encore absorbée et bouleversée par ces films. Le premier projeté a aussitôt donné le ton à cette 9ième Nuit de la fiction. Maria raconte l’histoire d’un bébé mort à la naissance et de sa grand-mère maori qui ne parle plus depuis qu’elle est malade. Tour à tour, le spectateur est plongé dans une maison de famille où la tristesse est latente, puis dans un marae où les pleurs et les chants vous prennent aux tripes sans que vous ne puissiez contrôler vos propres larmes. Un moment d’émotions et de réflexion. « Cela nous rappelle qu’on est tous mortels », explique Stéphanie, 30 ans, qui a passé une très belle soirée. Car malgré la tristesse d’un certain nombre de films projetés, il a aussi été question d’espoir, de résilience et d’humour.
Histoires communes
Nukutapu, île Interdite, pêche miraculeuse a fait rire toute la salle. Ce court-métrage a donné une belle leçon de vie : ceux qui se moquent finissent toujours par être pris à leur propre farce. « C’était très amusant », souligne Stéphanie, originaire de Vendée en France qui a assisté à la soirée avec ses amis durant ses vacances polynésiennes. Autre film qui a déclenché le rire de l’assemblée : Laundry. Dernier court-métrage projeté, cette fiction est une peinture de la vie en famille. Avec humour et justesse, Laundry raconte le quotidien d’un couple avec ses trois enfants. Les parents tentent tant bien que mal de se trouver un moment à eux. « Cela nous fait penser à notre famille, il nous fait réfléchir à savoir si on veut faire beaucoup d’enfants ou non et surtout à mettre des verrous sur les portes ! », s’amuse Tehiva, 16 ans. Les Experts antitag, réalisation calédonienne, a aussi conquis le public. Cette parodie de la série américaine Les Experts version kanak a réussi à donner une atmosphère plus légère dans la salle. « C’était très drôle et rafraîchissant, confie Pauline, qui vient pour la première fois au FIFO, Ca fait du bien même si le film fait plus amateur que d’autres ». La sélection de cette soirée de la Nuit de la fiction a été, en effet, très variée entre les réalisations professionnelles qui ont des moyens et celles plus amateurs. « Mais c’est ce qui est bien dans les festivals, d’avoir justement cette possibilité de voir les deux », souligne Christine. Cette habituée du FIFO semble avoir apprécié cette soirée de projections, où il a finalement été question d’histoires communes.
FIFO/Suliane Favennec