Yann Samuell, « Le FIFO a des valeurs éthiques et morales que je partage »
Scénariste et réalisateur à succès, Yann Samuell s’est fait notamment connaître avec sa très belle romance « Jeux d’enfants », interprétée par Marion Cotillard et Guillaume Canet, et plus récemment avec son adaptation savoureuse de « La guerre des boutons ». Il est membre du jury de ce 9ème FIFO.
Vous êtes à la fois scénariste et réalisateur, deux métiers à part entière ?
Oui, mais dans mon cas ils sont complémentaires. Je n’écrirais pas quelque chose si je ne pouvais pas le réaliser, parce qu’un mauvais scénario fait forcément un mauvais film ! J’ai toujours fait les deux en parallèle.
Faire du cinéma a-t-il toujours été votre objectif ?
Autant que je m’en souvienne, oui. Adolescent, on m’avait demandé quelle orientation je désirais choisir et j’avais répondu vouloir devenir Ridley Scott… C’est un peu comme un fil auquel on s’accroche. J’ai fait des études de cinéma et autour de moi, beaucoup ont renoncé. Pour ma part, je ne me suis jamais posé la question puisque je n’avais pas d’autre solution, pour ainsi dire.
Connaissiez-vous le FIFO ?
Non, je l’ai seulement découvert lorsqu’on m’a invité. Jusqu’à présent, j’étais assez hostile au concept des remises de prix dans lequel on met en lumière quelques œuvres au détriment de bien d’autres. Mais le FIFO a des valeurs éthiques et morales que je partage totalement, qui sont de protéger la culture et les peuples menacés d’être balayés par le mondialisme. J’ai donc vu l’autre versant de la raison d’être d’un festival et celui-ci m’a emballé.
Le documentaire est-il un format qui vous inspire ?
J’ai fait, avec plaisir, une série de documentaires il y a quelques années. J’apprécie l’authenticité du documentaire, la recherche et la révélation du vrai. Non pas que la fiction ne soit pas dans une démarche de sincérité, bien au contraire, mais une des forces du documentaire tient dans le dénuement d’artifice. J’ai bien des idées de documentaire en tête mais quand on est « sur un rail », il est difficile d’en changer !
Inutile de revenir sur la polémique de la sortie simultanée des deux films la « Guerre des boutons », mais que retenez-vous de cette mésaventure ?
C’est un film que j’ai fait avec cœur et pour lequel je n’ai pas été pressé, puisque j’ai mis près de 2 ans à le réaliser. « L’autre » a été bouclé en 6 mois. Je regrette cet entêtement qui n’est rien d’autre qu’une grosse machine commerciale. Ça m’a beaucoup affecté.
Quels sont vos projets en ce moment ?
Je travaille sur un film de science fiction aux Etats-Unis. Une sorte de Roméo et Juliette entre deux planètes, Mars et la Terre… Une très belle histoire, originale, avec un « gros » casting – on parle notamment de Kate Winslet ou de Natalie Portman dans le rôle de Juliette. J’ai également des projets en France, avec l’adaptation d’un roman de David Foekinos, dont on entend beaucoup parler aujourd’hui avec « La délicatesse ». C’est un livre qu’il a écrit après avoir vu mon film « Jeux d’enfants » ; l’histoire d’une relation amoureuse racontée uniquement à travers ses séparations.
Quelques jours après votre arrivée à Tahiti, quelle est votre impression ?
C’est la première fois que je viens ici et je dois dire que je suis impressionné. L’accueil est exceptionnel. On est materné, chouchouté. Hier, j’ai nagé à côté des requins et été bousculé par des raies… L’homme a une merveilleuse relation avec la nature dont on est tellement brimé à Paris.
Qu’attendez-vous du FIFO ?
Déjà, je suis très admiratif de l’énergie déployée par l’équipe du FIFO pour le faire connaître et je trouve fascinant qu’il fasse parler de lui d’aussi loin. J’attends surtout que les objectifs fixés par le FIFO soient atteints. J’ai appris par exemple que la Polynésie n’était pas reconnue par le CNC… C’est regrettable car l’aide du CNC permet d’accompagner la créativité qui, j’en suis certain, ne demande qu’à s’exprimer encore davantage ici.
I.B